Droit de réponse à Mustafa Baghouthi

Mustafa Baghouthi réfute une à une quelques unes des raisons avancées par Israël justifiant la riposte de l’armée israelienne contre les infrastructures terroristes de la Bande de Gaza et s’indigne de la passivité de la communauté internationale. Objectivite.org répond au secrétaire général de l’Inititative Nationale Palestinienne (parti politique laïc de gauche militant pour une lutte non violente contre « l’occupation » israélienne).

Par Mustafa Baghouthi, Huffington Post, 29 décembre.

La campagne israélienne de « mort venant du ciel » a commencé samedi 27 décembre environ à 11 heures du matin et s’est poursuivie sans relâche pendant la nuit jusqu’à ce matin. Le massacre (de terroristes, ndlr) continue dimanche pendant que j’écris ces mots.

Le jour le plus sanglant en Palestine depuis la Guerre de 1967 est très loin de se terminer, Israël ayant promis que ceci n’est que « le commencement » de leur campagne de terreur d’État (contre les terroristes du Hamas, ndlr). Au moins 290 personnes ont été assassinées (400, ndlr), mais le décompte des victimes continue à s’élever à un rythme dramatique alors que de nouveaux corps mutilés sont retirés des décombres, que les victimes précédentes succombent à leurs blessures et que de nouveaux blessés tombent au même instant.

Ce qui s’est passé et se poursuit encore n’est rien d’autre qu’un crime de guerre et pourtant la machine de relations publiques israéliennes tourne à plein régime, débitant des mensonges chaque minute (Le jeu du menteur-menteur: qui ment à qui en fait ?, ndlr).

Une fois pour toutes, il est temps de dénoncer les mythes qu’ils ont créés. (En parlant de mythe, lire cet article en anglais, ndlr)

1. Les Israéliens ont prétendu avoir mis fin à l’occupation de la Bande de Gaza en 2005.

Alors que Israël a en effet démantelé les colonies de la petite bande côtière, les israéliens n’ont en aucun cas mis fin à l’occupation (A la suite d’une guerre perdue, comme la France pour l’Alsace-Lorraine, le territoire conquit fait partie intégrante de l’état victorieux, d’autant plus que ce n’est pas Israël (ni la France) qui a déclaré la guerre, ndlr). Ils sont restés maître des frontières, de l’espace aérien et des voies navigables de Gaza, et ont fréquemment mené des attaques et des assassinats ciblés (de terroristes ayant du sang sur les mains, ndlr) depuis le désengagement (et même avant, ndlr).

De plus, depuis 2006 Israël a imposé un siège complet sur la bande de Gaza (afin d’éviter, notamment, la contrebande d’arme, voir vidéo en anglais, ndlr). Depuis plus de deux ans, les Gazaouis vivent à la limite de la famine et sans les ressources de première nécessité les plus basiques de la vie humaine, comme l’huile de cuisine (notamment utilisé dans la fabrication de roquettes Quassam) ou le carburant de chauffage (notamment utilisé dans la fabrication de roquettes Quassam, ndlr) et les médicaments de base. Ce siège a déjà causé une catastrophe humanitaire (jamais démontrée objectivement, ndlr) qui n’a été qu’aggravée par le dramatique renforcement des agressions (ripostes, ndlr) militaires israéliennes (contres les terroristes du Hamas ayant illégalement pris le pouvoir de la Bande de Gaza, ndlr).

2. Israël prétend que le Hamas a violé le cessez-le-feu et l’a rompu unilatéralement.

Le Hamas a de fait respecté son engagement de cessez-le-feu (en envoyant malgré tout en territoire israélien une moyenne de 18 roquettes par jours des le début de ce pseudo-cessez le feu, ndlr), sauf lorsque Israël a mené des offensives majeures en Cisjordanie (visant à répliquer à ces attaques à la roquette Quassam, ndlr). Dans les deux derniers mois, le cessez-le-feu est tombé lorsque les Israéliens ont tué plusieurs Palestiniens (tirant des roquettes ou faisant de la contrebande d’arme, ndlr) avec pour résultat la réponse du Hamas. En d’autres termes, le Hamas n’a pas mené d’attaques non provoquées durant la période du cessez-le-feu (Il faut que les habitant de Sdérot, Ashkélon, Ofakim et Nétivot nous répondent, ndlr).

Israël, cependant, n’avait en rien respecté ses obligations (tout comme le Hamas, ndlr), a savoir la levée du siège et la fin du blocus (obligatoire face à la contrebande d’arme et limitant les déplacements des terroristes armés, ndlr) contre l’aide humanitaire vitale dans Gaza (fournie gracieusement par l’État d’Israël, avant et après la riposte Israélienne contre le Hamas, voir vidéos, ndlr). Au lieu de la moyenne de 450 camions par jour passant à travers la frontière dans les meilleurs jours, seuls 80 ont pu arriver a bon port – la frontière restant hermétiquement fermée 70% du temps (donc ce n’est pas hermétique, il y a contradiction, ndlr). Durant ce supposé « cessez-le-feu » les Gazaouis ont été forcés de vivre comme des animaux, et 262 au total sont décédés en raison de l’impossibilité de recevoir de soins médicaux corrects (chiffre démentis par l’ONU, l’UNRWA, Tsahal et le la plupart des observateurs présents sur le terrain, ndlr).

Maintenant, après des centaines de morts, c’est Israël qui refuse de reprendre les discussions sur un cessez-le-feu (car Israël sait très bien que les attaques à la roquette contre les civils israéliens à la roquette vont reprendre pendant et après l’éventuel cessez-le-feu, ndlr). Ils ne cherchent pas a obtenir la paix comme ils le prétendent (après 8 années d’attente, de cessez-le-feu coté Israélien et de roquettes qui tombent sur Israël, qu’aurait pu faire l’état juif ? Attendre un peu plus ?, ndlr); il est de plus en plus de clair qu’ils recherchent un renversement du pouvoir [du Hamas] – quel qu’en soit le coût.

3. Israël prétend rechercher la paix avec les « Palestiniens pacifiques ».

Avant le massacre (de terroristes, ndlr) en cours dans la Bande de Gaza, et pendant tout le Processus de Paix d’Annapolis, Israël a poursuivi et même intensifié son occupation de la Cisjordanie (conquise par l’État d’Israël vainqueur de la Guerre des six jours guerre contre l’Égypte, la Syrie, l’Irak, la Jordanie, l’Algérie, le Yémen, le Soudan, le Koweït et l’Arabie saoudite, faisant suite, le 18 mai 1967, au retrait des observateurs des Nations Unies d’une zone tampon démilitarisée et déplacement des troupes égyptiennes près des frontières avec Israël par Nasser pour la première fois depuis 1957. Et quatre jours après, il prenait une autre décision : sa flotte bloquait le Détroit de Tiran, empêchant Israël de naviguer librement dans le Golfe d’Aqaba, par la Mer Rouge ce qui constitue une déclaration de guerre contre Israël, ndlr). En 2008, l’expansion des colonies a augmenté d’un facteur 38, et 4 950 Palestiniens de plus ont été arrêtés (arbitrairement ?, ndlr) – surtout en Cisjordanie, et le nombre de postes de contrôle est passé de 521 à 699 (juste pour le plaisir de faire un poste de contrôle ?, ndlr).

De plus, depuis le début des discussions de paix, Israël a tué 546 Palestiniens, parmi eux 76 enfants (Il n’est plus a démontrer que de nombreux terroriste utilisent leurs lance-roquette au milieu des civils, et se servent souvent de civils (parfois leur propre famille) comme bouclier humain afin de manipuler les masses, cf. la Charte du Hamas, ndlr). Ces statistiques macabres vont augmenter de façon spectaculaire maintenant, mais les transgressions israéliennes précédentes ne devraient pas être oubliées au milieu de ces horreurs les plus récentes.

Rien que ce matin, Israël a tué par balles un jeune manifestant pacifique (terme inapproprié pour cette personne qui s’en est pris volontairement aux forces de l’ordre encadrant la manifestation hebdomadaire de Nihlin, connue pour ses débordements violents organisés par des associations soi-disant pacifiques, ndlr) dans le village de Cisjordanie de Nihlin, et en a blessé des dizaines d’autres lors des dernières heures. Il est certain qu’ils continueront à employer une force létale face aux manifestations non violentes (terme une fois de plus inapproprié, ndlr) nous prévoyons par conséquent un grand nombre de victimes en Cisjordanie. Si Israël poursuit la paix avec les « bons Palestiniens », de qui parlent-ils ? (Ils parlent de palestiniens qui veulent vivre en paix dans un État en paix cote-a-cote de l’État d’Israël, sans que l’un ne veuille anéantir ou terroriser l’autre, ndlr)

4. Israël agit en état de légitime défense.

Il est difficile de revendiquer la légitime défense dans un conflit qu’ils ont allumé eux-mêmes, mais ils le font de toute façon (tout comme les terroristes du Hamas, ndlr). L’autodéfense est une réaction, alors que les actions (ripostes, ndlr) d’Israël des deux derniers jours ont été clairement préméditées. Non seulement la presse israélienne a largement participé à la campagne de relations publiques en cours entreprise par Israël pour préparer l’opinion publique israélienne et internationale aux attaques (à bon ? Il n’y avait donc pas de roquettes qui tombaient sur Israël ?, ndlr), mais Israël a essayé aussi de convaincre les Palestiniens qu’une attaque n’aurait pas lieu en ouvrant brièvement des voies de passage et en reportant des réunions futures sur le sujet (Cela fait plus de 20 ans que l’armée Israélienne est la seule armée au monde à prévenir de ses attaques en en envoyant des tracts à la population pour évacuer le terrain. Devrait-elle faire de même avec des terroristes ? et ne détruire que des bâtiments, ce qui ne sert au fond a rien, et l’histoire l’a montré, ndlr). Ils ont procédé ainsi pour s’assurer que le nombre de victimes (terroristes, ndlr) serait maximisé et pour que les citoyens (terroristes lanceurs de roquettes, ndlr) de Gaza ne puissent prendre leurs précautions contre leur massacre imminent.

Il est aussi trompeur de prétendre à l’autodéfense dans un conflit présentant une asymétrie des forces aussi écrasante (depuis quand une guerre est une équation mathématique. Depuis la nuit des temps, une guerre a opposé un plus fort contre un plus faible, ndlr). Israël est la plus grande puissance militaire dans la région, et la cinquième plus grande dans le monde. De plus, ils sont les quatrièmes plus grands exportateurs d’armes et ont un complexe militaro-industriel rivalisant avec celui des États-Unis (Reprocherait-on à Israël d’être plus fort ? Si Israël perd un jour une guerre, elle disparaitrait du globe, et ce jour là, aucune équation ne pourra contrer la haine environnante, ndlr) . En d’autres termes, Israël a toujours a eu un monopole complet sur l’usage de force, et tout son allié super-puissance, Israël utilise la guerre comme une vitrine de publicité de ses nombreux instruments de mort (de terroristes, ndlr).

5. Israël prétend ne frapper que des cibles militaires.

Alors même que les images de femmes et d’enfants morts et mutilés se succèdent sur nos écrans de télévision (en partie instrumentalisée par le Hamas, cf. Charte du Hamas, ndlr), Israël prétend effrontément que leurs munitions ne frappent de manière experte que des installations militaires (rendu possible grâce à la préparation préalable et au travail des services secrets, ndlr). Nous savons que ceci est faux puisque des sites civils ont été frappés par les attaques aériennes, parmi lesquels un hôpital et une (deux, ndlr) mosquée(s entreposant des armes lourdes, ndlr).

Dans le secteur le plus densément peuplé sur la planète (6eme plus peuplé au monde en hab/km2, notamment en raison de l’appel des partis politique palestinien à un repeuplement des territoires palestiniens, ndlr), des tonnes et des tonnes d’explosifs ont été lancées. Les premières estimations de blessés se chiffrent par milliers. Israël prétendra que ceux-ci ne sont que des « dommages collatéraux » ou des morts accidentelles. Le ridicule et l’inhumanité d’une telle déclaration devraient écœurer la communauté mondiale (qui est consciente de la réalité d’une véritable guerre, ndlr).

6. Israël prétend attaquer le Hamas et non pas la population palestinienne.

D’abord et avant tout, les missiles ne différencient pas les gens en fonction de leur affiliation politique (mais les services secret y arrivent. De plus, le Hamas n’est pas un parti politique mais une organisation terroriste reconnue, ndlr); ils tuent simplement tous ceux qui se trouvent sur leur chemin (Si cette assertion était véridique, avec la puissance de feu décrite plus haut, l’armée israelienne aurait rasée depuis longtemps toute la bande de Gaza. Comme ce n’est pas le cas, il y a encore une contradiction, ndlr). Israël le sait, tout comme les Palestiniens. Ce que Israël sait aussi, mais se garde bien de dire publiquement, c’est que leurs actions récentes renforceront en fait le Hamas – dont le message de résistance (a ne pas confondre avec la résistance de la seconde guerre mondiale, ndlr) et de vengeance trouve un écho dans la colère et la peine (leitmotiv des la philosophie kamikaze et islamiste, ndlr).

Les cibles de ces frappes, c’est à dire la police et non pas les militants du Hamas (la police palestinienne de la Bande de Gaza a été anéantie lors de la prise du pouvoir par la force par le Hamas en 2007 et remplacée par des terroristes du Hamas, ndlr), nous donnent quelques indications quant aux intentions malavisées d’Israël. Ils espèrent créer l’anarchie dans la bande de Gaza en détruisant les structures garantes de la loi et de l’ordre (en prenant en otage les palestiniens et en envoyant des roquettes Quassam et Grad sur les des villes israéliennes, ndlr).

7. Israël prétend que les Palestiniens sont à l’origine de la violence.

Soyons clair et sans équivoque. L’occupation de Palestine depuis la Guerre de 1967 a été et reste la cause première de la violence entre Israéliens et Palestiniens. La violence ne prendra fin qu’avec la fin de l’occupation et quand les droits nationaux et humains de la Palestine seront assurés (voir notre dossier repere, ndlr). Le Hamas ne contrôle pas la Cisjordanie et pourtant nous restons occupés, nos droits violés et nos enfants tués.

Un fois ces mythes reconnus, qu’on nous permette de nous interroger sur les véritables raisons qui sont derrières ces attaques aériennes, et que nous trouvons peut-être même plus révoltantes que l’acte lui-même.

Les dirigeants d’Israël tiennent des conférences de presse, habillés en noir, les manches retroussées.

« C’est l’heure du combat » , disent-ils, « mais ce ne sera pas facile ».

Pour prouver à quel point c’est le cas, Livni, Olmert et Barak ne portaient même pas de maquillage lors de la conférence de presse, et Barak a arrêté sa campagne présidentielle pour se concentrer sur la campagne de Gaza. Quels héros…quels dirigeants…

Nous connaissons tous la vérité : la suspension de la campagne électorale s’explique justement par des arrière-pensées électoralistes.

Tout comme John McCain suspendant sa campagne présidentielle pour retourner à Washington afin de « traiter » la crise financière, cet acte n’est guère plus qu’une acrobatie publicitaire.

Les candidats doivent apparaître « assez durs pour diriger » , et il n’y a apparemment pas de meilleure façon de le prouver qu’en se baignant dans le sang palestinien (de terroriste du Hamas, nuisible aux palestiniens et à l’Autorité palestinienne, ndlr).

« Regardez-moi, » déclare Livni, en robe noire et les cheveux en bataille, « je suis une guerrière. Je suis assez robuste pour presser sur la détente. Ne vous sentez-vous pas plus confiants pour voter pour moi, maintenant que vous savez que je suis aussi impitoyable que Bibi Netanyahou » ? (sources ?, ndlr)

Je ne sais pas ce qui est le plus dérangeant : elle et Barak, ou l’électorat qu’ils cherchent à séduire. (Si l’électorat est dérangeant, cela veut dire que les Israéliens vous dérangent, ce qui n’est pas très « pacifique » de la part du secrétaire général de l’Inititative Nationale Palestinienne (parti politique laïc de gauche militant pour une lutte non violente contre « l’occupation » israélienne), ndlr).

Au final, ceci n’améliorera nullement la sécurité de l’israélien moyen ; en fait on peut s’attendre à ce que ce soit bien pire dans les prochains jours puisque le massacre pourrait vraisemblablement susciter une nouvelle génération de candidats à l’attentat suicide (Les fondements du Hamas suscitent eux même des candidats au terrorisme, cf. Charte du Hamas, ndlr).

Cela n’affaiblira pas non plus le Hamas, et n’aura pas pour résultat de faire paraître comme des « durs » les trois insensés que sont Barak, Livni et Olmert (mais qui ont pour leur part été élus démocratiquement sans prendre le pouvoir par la force et la terreur, ndlr). Leur entreprise politique dévoyée leur éclatera probablement au visage comme cela a été le cas lors de la brutale invasion du Liban en 2006 (faisant suite aux tirs de roquettes du groupe terroriste Hezbollah pro-iranien, ndlr).

Pour finir, il y a une autre raison – au-delà de la politique interne d’Israël – expliquant pourquoi cet assaut a pu avoir lieu : la complicité et le silence de la communauté internationale.

Israël ne peut pas et n’agirait pas contre la volonté de ses alliés économiques en Europe ou ses alliés militaires aux États-Unis. Israël peut presser sur la détente pour mettre fin à des centaines, peut-être même des milliers de vies cette semaine, mais c’est l’apathie du monde et l’inhumaine tolérance par rapport à la souffrance Palestinienne qui permet à ceci de se produire.

« Le mal n’existe que parce que le bien se tait »

De la Palestine occupée. . .

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