LeNouvelliste.ch a rencontré Edouard Cukierman dans une station du Valais central (Suisse) où il passait ses fêtes de fin d’année. Ce chef d’entreprise de Tel Aviv est aussi officier de réserve dans l’armée israélienne dont il est un important porte-parole. Comme de nombreux autres réservistes, il a écourté ses vacances pour rejoindre en urgence Tsahal. Nous lui avons posé à la veille de son départ quelques questions sur le conflit en cours à Gaza.
Edouard Cukierman, pourquoi une réaction aussi violente d’Israël à Gaza ?
Israël ne s’est pas retiré de Gaza pour voir sa population civile recevoir à longueur d’année des roquettes. Et je ferai remarquer que les villes israéliennes touchées se trouvent à l’intérieur des frontières d’avant 1967. Notre gouvernement ne pouvait plus rester les bras croisés face aux envois incessants de roquettes Kassam et même de missiles Grad plus sophistiqués livrés par l’Iran. Ils touchent désormais des localités profondément en territoire israélien, comme par exemple Beersheva qui est la quatrième ville du pays. Cette opération israélienne fait l’objet d’un consensus national. Même l’un des leaders du mouvement «La paix maintenant», l’écrivain Amos Oz, soutient l’action contre les terroristes du Hamas à Gaza qui visent à la destruction de l’État d’Israël. Contrairement au Hamas, le Fatah a compris qu’il ne fallait pas lancer de roquettes sur Israël et la Judée Samarie est calme. Israël y favorise d’ailleurs le développement économique alors que le Hamas fait tout le contraire à Gaza. Le taux de chômage n’a jamais été aussi bas en Judée et Samarie et nous y avons démantelé de nombreux check points qui posaient problème. Les points de passage qui sont restés ont été modernisés et sont pour la plupart gérés par des civils. Avec une organisation autre que le mouvement islamiste du Hamas, Gaza aurait connu le même scénario de développement et de pacification que la Judée Samarie.
Mais les Palestiniens ne réagissent-ils pas aussi avec leurs moyens militaires au blocus économique de Gaza?
Lorsque nous nous sommes retirés de Gaza, nous avons par exemple laissé des installations agricoles mais le Hamas les a systématiquement détruites et a tué des centaines de militants du Fatah pour créer la terreur. Le Hamas a remplacé la loi locale par la charia et vient d’ailleurs de commencer à la mettre en application. Concernant les frontières, certains oublient que depuis sa prise de pouvoir le Hamas a attaqué de manière incessante les points de passage entre Israël et Gaza par où transitaient les marchandises. Plus d’une trentaine d’israéliens ont perdu la vie dans ces points de passage qu’ils étaient chargés de contrôler et c’est pourquoi il a fallu les fermer très fréquemment, ce qui a causé des problèmes économiques. Même sur le plan économique, le Hamas travaille pour son compte et pas pour les Palestiniens. Le Hamas qui contrôle les tunnels entre l’Égypte et Gaza taxe ainsi les marchandises qui y passent. Et ces tunnels servent aussi à l’approvisionnement du Hamas en armes. Ce mouvement extrémiste fait systématiquement passer ses objectifs idéologiques avant les intérêts de la population palestinienne. Il faut par ailleurs rappeler que la libre circulation de marchandises dépend tout autant de l’Egypte – qui a une frontière commune avec Gaza – que d’Israël. Notre pays permet aujourd’hui comme dans le passé le passage d’aide humanitaire.
La Suisse a condamné les tirs de roquettes palestiniens mais a jugé disproportionnée l’attaque israélienne contre Gaza.
Si des civils suisses étaient tués par des roquettes ou des missiles tombant sur votre canton, comment réagiriez-vous ? L’asymétrie vient du fait qu’Israël cible les terroristes du Hamas tandis que ces derniers ciblent la population civile israélienne. Tous les objectifs de notre armée sont militaires. Si une mosquée est touchée, c’est parce qu’elle sert au stockage et au lancement de missiles. Lorsqu’un bâtiment d’une université islamiste est bombardé, ce sont les locaux où sont formés les leaders du Hamas qui sont visés. Le Hamas mène cyniquement ses activités terroristes à partir de zones où la population est concentrée et cela complique évidemment énormément nos opérations militaires. Le Hamas n’est qu’une division avancée de l’Iran et ne bénéficie pas du soutien de nombre de pays arabes sunnites. L’Iran finance ce mouvement islamiste, entraîne ses terroristes, et l’approvisionne en armes comme il le fait avec le Hezbollah au Liban. Une grande partie de la population palestinienne aussi en a assez de ce mouvement et souhaite des élections démocratiques que le Hamas refuse.
Mais chaque jour d’opération supplémentaire contre le Hamas semble le renforcer. Ce mouvement cherche en effet la victimisation et une opération similaire d’Israël au Liban n’a pas été un succès.
Malgré ce qu’ont affirmé certains médias, le Hamas est affaibli chaque jour un peu plus sur le plan militaire. Notre aviation s’est par ailleurs attachée à détruire les tunnels qui l’approvisionnaient en armes. Notre message est très clair: nous n’accepterons plus des tirs de roquettes et de missiles contre notre population civile et nous ferons le nécessaire pour que cela cesse. Le Hamas a envoyé plus de 8000 obus et missiles depuis que nous nous sommes retirés de Gaza. C’est inacceptable. Je vous ferai remarquer que plus aucune roquette n’a été tirée sur Israël par le Hezbollah après nos opérations au Liban et que la présence militaire de ce mouvement au sud du fleuve Litani s’est faite beaucoup plus discrète.
Comme au Liban, notre but n’est pas d’occuper une terre. Notre seul objectif à Gaza est d’obtenir la paix. J’espère simplement que le Hamas comprendra cela malgré son idéologie islamiste ou qu’il sera remplacé afin que cessent les tirs des missiles sur notre population.