Mais où a-t-il soudainement disparu l’indigné de service? Où est-il passé ce vieux gâteux devenu la coqueluche de tout ce qui veut bouffer du Juif? Vous n’avez pas de télévision, Monsieur Hessel? En panne subite? Vous avez quand même lu au moins un journal en ce début de semaine?! Non? Oudi, Ruthy, Yoav, Elad et Hadass, cela ne vous dit rien? Vous savez, ces cinq israéliens d’une même famille – dont trois enfants – qui ont été froidement assassinés dans leur sommeil par ceux que vous appelez « résistants »? Peut-être avez-vous une soudaine et malencontreuse extinction de voix qui vous empêche de vous indigner sur les plateaux de télévision qui s’arrachent votre présence si doucereuse? Ou plus de papier à lettre? Quelle malchance!
Et avez-vous vu les concerts de klaxons et la distribution de bonbons dans les rues de Gaza après l’annonce de ce massacre? Quelle ambiance festive n’est-ce pas? Quelle population affable! Toujours prête à faire la fête à la moindre bonne nouvelle comme l’assassinat d’enfants juifs! La joie et la bonne humeur! Ce n’est pas à Paris que l’on distribuerait ainsi des friandises dans les rues! Et dire que de stupides gens les prennent pour de vulgaires terroristes sans cœur!! Une chance que ces barbares d’Israéliens n’aient pas profité de ces saines réjouissances pour bombarder dans le tas comme ils le font chaque jour!Non….! C’est une boutade, Monsieur Hessel!! Je rigolais, ne vous indignez pas! Il n’y a pas eu de bombardement israélien. Juste quelques Juifs égorgés. Rassurez-vous. Tout va bien monsieur l’humaniste.
En fait, comme vous le disiez lors d’une émission religieuse en 2004, vous considérez les attentats contre des civils israéliens « comme furieusement compréhensibles ». La famille du couple poignardé et égorgé avec trois de ses enfants « apprécierait » sans doute votre commisération sélective et immorale si elle avait la malchance de connaître votre existence. Mais ces êtres que vous détestez sans les connaître sont à tel point occupés à reconstruire la nation et le pays que vous haïssez tant, qu’ils ne perdent pas de temps à écouter ce qui se dit sur eux dans cette Europe moralement décadente dont vous êtes devenus l’un des lamentables portes-parole.
Depuis votre intrusion dans le microcosme médiatique grâce à votre livre médiocre, vous ne cessez de vous déshonorer à chaque fois que vous apparaissez dans les médias, friands d’avoir enfin sous la main un vieux papy à la fois sympathique et « dans le vent »: anti-israélien à souhait. Et sous couvert d’humanisme, excusez du peu! Aujourd’hui, cela fait meilleur effet qu’un Dieudonné ou un rappeur du 93. Et si « l’ancien résistant », le « sage » – vaguement d’origine juive en plus – le dit, cela ne peut qu’être vrai. Minimiser les méfaits de l’occupation allemande pour mieux condamner celle – imaginaire – des Israéliens, devient alors du petit lait pour tous ceux qui veulent se dédouaner de leur responsabilité de la Shoah pour mieux s’attaquer à ses survivants.
Mais maintenant preuve est faite. Votre silence assourdissant après l’assassinat ignoble de cette famille, prouve que tout votre soi-disant combat pour l’Homme ne vaut pas les quelques cheveux qui vous restent sur la tête. Votre émotion et votre indignation « à deux vitesses » sentent à la fois une sourde haine de soi et un opportunisme destiné à gagner un peu de notoriété avant de tirer votre révérence.
Voyez-vous, la véritable et authentique indignation, celle qui vous aurait honoré au crépuscule de votre vie, aurait été celle de vous élever contre la culture de mort promue et propagée par les Palestiniens parmi leur jeunesse, de vous inscrire en faux contre le politiquement correct anti-israélien qui envahit le monde dit civilisé, de pourfendre ceux qui aujourd’hui s’attaquent au sionisme parce qu’il est encore trop tôt pour se dire ouvertement antisémite. Si vous cherchiez à être un Zola des temps modernes, vous avez misérablement échoué. L’auteur de « J’accuse » avait eu lui le mérite et le courage d’aller chercher la vérité au-delà de l’opinion ambiante, du politiquement correct et des raccourcis de la pensée. A la place de cela, vous vous êtes précipité dans la curée, vous avez choisi la facilité de l’opportunisme et vous avez versé dans le déshonneur le plus total.
Monsieur « Indignation », vous n’êtes tout simplement qu’un vieil homme….indigne.