Le calme, un objectif pour Israël, pas pour le peuple palestinien

Quelques jours avant le début de l’opération plomb durci à Gaza, le sous-chef de l’aile politique du Hamas basée à Gaza, Moussa Abu Marzouq, confiait au magazine Al-Risala du Hamas (Gaza, 21 décembre 2008) que la Tahdiah (calme en arabe), servait les intérêts d’Israël mais non ceux du Hamas, et devait donc prendre fin.

La Tahdiah est l’exception, la résistance la règle

Al-Risala: « Jusqu’au dernier moment, le Hamas a rechigné à donner clairement sa position sur la prolongation de la Tahdiah [calme]. Des contacts ont-ils été établis pour prolonger la Tahdiah dans des conditions spécifiques ? »

Abu Marzouq: « Cette question implique que la Tahdiah serait un sujet essentiel motivant nos décisions, consultations et tentatives de médiation. C’est toutefois le contraire qui est vrai (…) La résistance est le principal [élément] des relations entre le peuple palestinien et l’occupation sioniste. La Tahdiah correspond à [une tentative] égyptienne de compréhension entre les factions palestiniennes et Israël ; il s’agissait d’instaurer une Tahdiah de six mois qui s’étendrait également à la bande de Gaza, et de s’entretenir au sujet du point de passage de Rafah (…) [Elle devait inclure] une ouverture de 30% du passage de Rafah pendant dix jours et précéder une ouverture totale.

Toutefois, cette situation anormale n’a pas bénéficié le moins du monde aux Palestiniens. Seuls 15% des produits de base ont pu entrer à Gaza par ce passage. Le siège s’est poursuivi de la même façon, et l’offensive israélienne ne s’est pas affaiblie pendant la Tahdiah. Il serait déraisonnable de considérer cette situation anormale comme un point essentiel ou comme normale. Cette [Tahdiah] était devenue un cessez-le-feu [en échange d’un autre] cessez-le-feu, déconnecté du passage des [denrées essentielles] et du siège. Il était donc logique d’y mettre un terme.

Avant le 19 [décembre, date de la fin de la Tahdiah], la position du Hamas n’était pas explicite. C’est l’Égypte qui a annoncé que la Tahdiah était entrée en vigueur, qui a fixé ses modalités et qui a conclu des accords avec toutes les factions palestiniennes. Il a fallu un consensus national pour mettre fin à la Tahdiah – et c’est exactement ce qui est arrivé. Des accords ont été conclus entre les factions, qui se sont finalement mises d’accord pour dire que la Tahdiah ne rendait pas service aux Palestiniens. C’est pourquoi elle a pris fin. »

La Tahdiah est un but stratégique d’Israël, qui veut la paix et le calme dans la région.

Al-Risala: « Quelques jours avant la fin de la Tahdiah, un haut responsable israélien en visite au Caire a déclaré qu’Israël souhaitait la prolonger. L’Égypte vous a-t-il fait part du désir israélien de prolongation de la Tahdiah ? »

Abu Marzouq: « Ce n’est pas uniquement par ce médiateur égyptien qu’Israël a fait part de ce souhait, mais aussi, très clairement, par les médias, en affirmant que la Tahdiah était un objectif stratégique. C’est parce que les Israéliens veulent la paix et le calme à Gaza, afin de poursuivre leurs sanctions en Cisjordanie et de faire de cette situation une situation normale.

Voilà pourquoi Israël s’est efforcé de prolonger la Tahdiah, allant même chercher [l’appui de] l’Égypte, selon des [sources] égyptiennes et des rapports d’agences de presse. L’Égypte n’a [toutefois] rien fait pour prolonger ou revoir les conditions de la Tahdiah et les Palestiniens n’ont pas vu l’intérêt de satisfaire le souhait des sionistes à ce sujet. »

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