Le langage de la poudre, hélas!

Éditorial par Michel Danthe (rédacteur en chef de lematin.ch)

Imaginez un pays démocratique (un des rare de la région. Il faut savoir que le ministre des sciences est un arabe israélien (Raleb Majadele) et qu’au sein de son parlement, de nombreux représentants de la minorité arabe israelienne débâtent de la vie quotidienne du pays; au fait, ou en sommes nous en France, à l’assemblée nationale ? Est-ce que, comme en Israël, 20% de la population est représentée par environ 20% de parlementaires ? Qui est le plus démocratique ? En somme, peut-on se permettre de critiquer la démocratie Israélienne ?, ndlr) à l’orée d’importantes élections législatives. Un pays qui subirait, dans le même temps, de la part d’un voisin, d’incessantes attaques aux missiles (roquettes Quassams, +20km, de faible portée et de fabrication artisanale et missiles Grad, de longue portée et/car de fabrication industrielle, +40km, ndlr) et aux obus de mortier. Des centaines en quelques jours. Mettant les nerfs de la population visée à vif, semant la terreur et la peur.

Que suggéreriez-vous en tant que citoyen de ce pays ? D’attendre stoïquement et avec patience que vos adversaires épuisent leurs munitions (sur vous et vos enfants, ndlr) ? D’attendre qu’ils se lassent et daignent enfin passer à la table de négociation ?

C’est la question que se sera posée, ces jours, plus d’un homme de bonne volonté en voyant le Hamas pilonner avec systématique l’État hébreu.

Dans un premier temps (8 ans, ndlr), le gouvernement de l’État d’Israël est resté stoïque. Et retenu. Puis il a jugé qu’il fallait agir. Aidé en cela par son opinion publique, qui, pour une fois, de la droite à la gauche, des plus réactionnaires aux plus libéraux, a estimé que trop, c’était trop.

La réplique israélienne a été fulgurante et meurtrière: à ce jour plus de 200 morts (300, ndlr), principalement dans la police du Hamas. Mais aussi des civils, des enfants. Une guerre est une guerre. Les déchiquetés, les défigurés, de quelque camp qu’ils soient, en sont l’expression tragique.

Mais comment, pour les Israéliens, résoudre un conflit avec une organisation qui a décidé que l’État d’Israël était un État de trop, un État qui devait disparaître (cf. la Charte du Hamas, ndlr) ? Comment résoudre un conflit avec une organisation terroriste qui ne reconnaît, au fond, que le jeu des rapports de force brutaux et impitoyables (Au dépend de palestiniens qui n’en ont pas demandé tant, ndlr) ? Oui, comment faire?

Je ne suis pas Israélien, je n’ai pas à me préoccuper dans ma chair et ma vie quotidienne de la réponse à apporter à cette question. Je conçois néanmoins, hélas, qu’à ceux qui ne comprennent que le langage de la poudre (le Hamas) on finisse par répondre avec le langage de la poudre.

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