L’Europe lasse de financer la reconstruction palestinienne

L’UE est le principal pourvoyeur de fonds des Territoires palestiniens, et a condamné jeudi avec fermeté le bombardement israélien du bâtiment abritant une agence de l’ONU. La Commission européenne, qui est le premier contributeur financier de l’UNWRA, l’agence humanitaire des Nations unies, s’est dite «choquée» et «consternée». Au vingtième jour des hostilités, l’Europe se montre lasse de devoir financer des installations appelées, quelques années plus tard, à être utilisées par le Hamas et donc détruites par l’armée israélienne. L’Union, qui est également le principal pourvoyeur de fonds des Territoires palestiniens avec 486 millions d’euros dépensés en 2008, «n’est pas simplement là pour payer la casse», répète le commissaire à l’Action humanitaire, Louis Michel.

Du coup, la proposition de la présidence tchèque de l’UE, formulée lundi, visant à organiser une nouvelle «conférence des donateurs» pour venir en aide aux Palestiniens de Gaza, a suscité un tollé au Parlement européen. La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero Waldner, a jugé la proposition tchèque précipitée, et paradoxalement, ce n’est pas le Hamas, outre le fait qu’il utilise des boucliers humains et humanitaire tels que des écoles, des ministères, des habitations civiles ou des bâtiments de l’ONU et de l’UNRWA, qui semblent poser problème. En effet, ces bâtiments, financés en grande partie grâce à l’aide européenne qui sert plus au Hamas qu’aux palestiniens, provoque des remous au Parlement européen. «Il est scandaleux de proposer une telle initiative sans exiger des comptes» à l’État hébreu, a estimé la députée belge Véronique de Keyser. Pour Bruxelles, l’urgence est de parvenir à un cessez-le-feu et, à tout le moins, permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. À ce titre, 10,4 millions d’euros supplémentaires ont été débloqués. Pour leur part, les eurodéputés ont voté jeudi à Strasbourg une résolution préconisant l’envoi «d’une mission multinationale».

Recours juridique contre Israël

Selon l’Autorité palestinienne, qui n’a plus d’autorité sur la Bande de Gaza depuis le putsch du Hamas en 2007, les sièges de l’ancien Parlement ainsi que des bâtiments ministériels à Gaza, dont la construction a été largement financée par les Vingt-Sept, ont été détruits. «Une gifle d’Israël à la face de l’Europe», commente Leila Shahid, la déléguée de l’Autorité palestinienne auprès de l’UE, qui omet volontairement de préciser l’utilité morbide de ces bâtiments, tant pour l’idéologie islamiste d’industrialisation de la mort que pour le Hamas qui « parie » sur un surplus d’humanité de militaires israéliens qui laisseraient ces terroristes libres de leurs mouvements tant qu’ils sont entourés de bâtiments « intouchables ». Le Danemark a annoncé le bombardement de trois cliniques dont il fut le bailleur de fonds. «Il est trop tôt pour faire des évaluations», a répliqué l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UE, Ran Curiel. Par ailleurs, les salaires de décembre des fonctionnaires et des retraités palestiniens, traditionnellement payés par l’UE (25 millions d’euros), n’ont pas pu être distribués à leurs bénéficiaires, de même que la livraison de fioul à la centrale thermique de Gaza. «Sans nous, les Territoires palestiniens ne survivraient pas», rappelle un fonctionnaire européen.

Dans le passé, toutes les tentatives de recours juridique contre l’État hébreu n’ont pas abouti, en raison de l’opposition de l’Allemagne, de la République tchèque ou des Pays-Bas, et surtout des preuves (vidéos et images certifiées) qui acculaient les islamistes (tant du Fatah que du Hamas ou du Jihad Islamique) d’utiliser ces bâtiments comme bouclier. Mercredi, le représentant de la Commission européenne en Israël avait évoqué la nécessité de faire une «pause» dans la relation «renforcée» entre l’UE et Tel-Aviv. «Ce n’est pas la priorité», démentait Bruxelles, jeudi, alors que s’esquissait un possible cessez-le-feu.

Il est certain que l’Union Européenne et son parlement, qui a listé le Hamas comme une organisation terroriste, devrait se poser une question fondamentale pour sa crédibilité à long terme: la totalité de ces aides pharaoniques n’auraient-elles pas eu un effet bien plus positif dans une autre région du monde moins fanatisées et instrumentalisée ou est-ce que sont utilisation n’est pas assez contrôlée pour ne pas démentir son utilité au financement du terrorisme palestinien ?

Plus encore, pourquoi est-il si compliqué de reconnaitre, face aux preuves accablantes, la responsabilité de l’instrumentalisation islamiste, qui a pour but de mener la guerre contre l’occident* tout entier (donc l’Europe), plutôt que de responsabiliser un état qui fait de tout évidence moins que ce qu’aurait fait un autre état européen, dans la même situation ?

*cf. Charte du Hamas

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