Un peu d’histoire sur Jérusalem

Par Seth J. Frantzman

Des épisodes cruciaux tombés dans l’oubli de l’Histoire.

Le quartier de Cheikh Jarrah fait encore parler de lui. Les manifestations récentes contre l’expulsion de deux familles palestiniennes ont, de nouveau, attiré l’attention sur Jérusalem-Est.

Les condamnations internationales fusent de toutes parts. Seul coupable : Israël. A l’image d’un Robert Serry, médiateur spécial de l’ONU, qui « déplore les actions regrettables » de l’État hébreu.

De son côté, la présidence de l’Union européenne condamne ce qu’elle qualifie d' »expulsions inacceptables » et la secrétaire d’État, Hillary Clinton, affirme quant à elle que ces événements « ne correspondaient pas aux engagements d’Israël ».

Les illustres familles arabes de Jérusalem relaient le même message. Pour Hassib Nashashibi, « l’objectif des récentes expulsions est clair : encercler le quartier arabe de Cheikh Jarrah par des colonies juives. Séparer les quelque 500 résidents arabes du reste de la ville et prendre le contrôle des principales routes de la région. »

Mais les événements à Cheikh Jarrah sont, comme tant d’autres incidents du conflit israélo-palestinien, une pièce du puzzle de la grande histoire. Une donnée que la communauté internationale et les hiérosolymitains semblent trop souvent oublier.

Cheikh Jarrah, à l’origine, un quartier juif

Ce que l’on appelle aujourd’hui Cheikh Jarrah comprenait au 19e siècle deux quartiers juifs : Nahalat Shimon et Shimon Hatzadik – en hommage à Simon le Juste, un grand prêtre juif du 4e siècle de notre ère. Nahalat Shimon a été construit par des Juifs séfarades et yéménites en 1891.

Cheikh Jarrah est resté juif jusqu’en 1948. Selon une recherche réalisée par le professeur Ruth Kark de l’Université hébraïque, les lotissements juifs étaient entourés de villas construites par les grandes familles arabes de Jérusalem.

L’est de la rue Salah a Din (Saladin) marquait le « Quartier Husseini ». Ce dernier comprenait six maisons de la famille Husseini, construites au début des années 1890. Et ce n’est qu’un début. D’autres leaders musulmans ont commencé à s’établir à Cheikh Jarrah dans les années 1870. En 1918, le quartier musulman comptait un total de trente maisons.

C’était un quartier cosmopolite qui abritait les locaux de l’American Colony, la cathédrale anglicane St George, une ancienne mosquée musulmane à la mémoire d’un soldat de Saladin et les « Tombes des rois », des tombeaux de différents personnages juifs, achetés par une famille juive et remis au gouvernement français au 19e siècle.
Mais le quartier paisible sera rattrapé par le cours de l’Histoire.

En décembre 1947, des combats éclatent entre Juifs et Arabes à Jérusalem. Au début, les grandes familles musulmanes prient les combattants arabes de laisser en paix les Juifs de Cheikh Jarrah. Mais en mars 1948, des Arabes d’une unité appelée « Al Shabab » [La Jeunesse] envahissent les lieux et incendient les synagogues et les maisons juives. Les habitants n’ont pas d’autre choix : fuir.

En avril, un convoi d’Hadassah est massacré à Cheikh Jarrah. Bilan : 79 Juifs assassinés. Ce quartier juif n’est pas le seul à être réduit à néant. Silwan, foyer d’accueil de Juifs yéménites depuis 1882, est également pris d’assaut, tout comme le quartier juif de la Vieille Ville, qui lui sera totalement rasé.

Après 1948, Jérusalem-Est passe sous contrôle jordanien. Sous l’emprise musulmane, la population chrétienne de la ville chute de près de 30 000 personnes avant 1948 à environ 11 000 en 1967. Certaines années de l’histoire de Jérusalem tombe dans l’oubli. C’est une erreur.

Jérusalem-Est a toujours été une mine d’événements. Prenez par exemple Beit Hanina, quartier arabe du nord de la ville. C’est aujourd’hui un centre florissant pour les riches familles arabes de la ville. Des bourses bien garnies qui ont attiré à Beit Hanina un grand nombre de musulmans originaires d’Hébron, en quête de travail. Initialement pauvres, ils n’ont pas tardé à dominer les rues de la ville.

Leurs particularités : un taux élevé de natalité et une dévotion religieuse aveugle.

L’ONU doit balayer devant sa porte

Mais le coup de grâce est venu de l’étranger. L’ONU a sa part de responsabilités dans les blocages actuels à Cheikh Jarrah. L’organisation internationale a participé à l’installation de réfugiés palestiniens à Jérusalem-Est. Les maisons contestées du quartier ont été effectivement remises aux familles Hanoun et Gawi en 1956, sous les auspices de l’UNRWA.

Mais les propriétaires juifs n’ont pas été consultés. Même désintérêt lors de la destruction des tombes du mont des Oliviers, à partir de 1956.

Selon un rapport de 2009 du Centre des Affaires publiques de Jérusalem, quelque 38 000 pierres tombales ont été détruites par les autorités jordaniennes, en partie pour paver une route à travers le cimetière.

Et un grand hôtel a été construit sur le sommet de la colline. Seigneure dans son domaine, l’ONU n’a jamais obtenu l’autorisation de réinstaller des Palestiniens dans des propriétés juives. Et elle n’a jamais cherché à en avoir. Avant de condamner Israël, Robert Serry devrait d’abord balayer devant la porte de l’organisation internationale.

En d’autres termes, présenter des excuses pour le vol arbitraire des biens juifs du quartier de Cheikh Jarrah et sans aucune compensation pour les familles.

Les propriétés juives en question auraient tout aussi bien pu être abandonnées, comme une partie de Nahalat Shimon et la tombe de Simon le Juste.

En fait, aucun acte de destruction des sites juifs de Jérusalem n’a été condamné par l’ONU sous la domination jordanienne.

Si la communauté internationale s’était montrée à l’époque aussi soucieuse qu’elle l’est aujourd’hui, les frictions actuelles auraient pu être évitées.

Avec une meilleure connaissance de la Jérusalem jordanienne et des mutations causées par les Arabes, l’opinion mondiale comprendrait mieux l’histoire actuelle de la ville.

Ne plus faire la même lecture partiale : scruter les actions israéliennes à la loupe et victimiser systématiquement des Palestiniens.

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