Quand les réseaux terroristes s’organisent

Tout comme le Hezbollah en Amérique du Sud, qui chasse sur des terres « anti-américaines », Al-Qaïda s’implante de plus en plus dans des pays africains à majorité musulmane: Somalie, Mauritanie, Mali, et Nigeria, comme l’a montré la dernière tentative d’attentat contre un avion américain. Mais les Islamistes visent également de s’implanter dans des pays à majorité chrétienne, comme la Namibie ou l’Angola, car leur liberté d’action en Afrique est grandement facilité par la situation de nombreux gouvernements africains: laxisme, corruption, incurie, intrusion de la pègre, blanchiement d’argent et trafics en tous genres, qui sont l’environnement de prédilection des terroristes musulmans.

Ainsi, des insurgés islamistes somaliens, les shebab, ont annoncé vendredi à Mogadiscio qu’ils enverraient leurs « combattants » au Yémen à partir de l’Afrique pour aider les adeptes d’Al-Qaïda dans leur lutte contre les forces gouvernementales, dans le sillage de l’attentat manqué de Détroit.

Cheikh Mukhtar Robow Abou Mansour, un haut responsable des shebab qui se réclament d’Al-Qaïda a fait cette annonce dans le nord de Mogadiscio, où il a présenté des centaines de jeunes combattants.

« Ces jeunes combattants ont achevé avec succès plusieurs mois d’entraînement intense et ils sont prêts désormais à rejoindre leurs frères dans la guerre sainte contre les ennemis d’Allah à travers le monde », a-t-il lancé.

« Nous avons dit à nos frères musulmans au Yémen que nous allons traverser la mer (…) et arriver jusqu’à eux pour les aider à combattre les ennemis d’Allah », a déclaré Mukhtar Robow.

« Aujourd’hui, vous voyez ce qui se passe au Yémen, les ennemis d’Allah détruisent nos frères musulmans », et « j’appelle les jeunes hommes dans les pays arabes à se joindre au combat » au Yémen, a-t-il ajouté sous les cris des combattants scandant « Allah Akbar ».

Les autorités yéménites affirment que leurs forces ont tué plus de 60 militants islamistes soupçonnés d’appartenance à Al-Qaïda dans des raids menés les 17 et 24 décembre dans le centre du pays et la région de Sanaa.

Ces affrontements surviennent alors que le Yémen a demandé l’aide de l’Occident pour lutter contre la présence de « centaines » de militants d’Al-Qaïda dans le pays.

Le 24 décembre, la Maison Blanche a réitéré son soutien aux autorités yéménites. Le New York Times avait alors affirmé que le président Obama avait donné son feu vert à des raids de l’armée yéménite contre Al-Qaïda. La veille, la chaîne américaine ABC avait indiqué que deux missiles de croisière américains avaient été tirés contre des bases de la nébuleuse islamiste radicale.

Le 30 décembre, le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr al-Kourbi, avait déclaré que les activistes d’Al-Qaïda au Yémen sont « peut-être des centaines, de l’ordre de 200 à 300 » et qu’ils « peuvent vraiment planifier des attaques comparables à celle qui vient d’avoir lieu à Detroit ».

Le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, inculpé aux Etats-Unis pour sa tentative le 25 décembre de faire exploser un avion de ligne américain, a dit aux enquêteurs appartenir à Al-Qaïda et avoir subi un entraînement au Yémen, selon les médias américains. Le réseau, qui a revendiqué l’opération, a également assuré lui avoir fourni l’explosif.

Le 6 novembre, un Somalien a été arrêté à l’aéroport de Mogadiscio en possession de substances chimiques suspectes alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un avion, avant d’être relaxé par un tribunal en décembre faute de preuves, a annoncé jeudi le chef de la police .

Ce dernier, Ali Mohamed Loyan, a ajouté que des « investigations complémentaires » étaient en cours car cet incident « ressemble à celui de l’avion américain ».

La Somalie est en guerre civile depuis 1991. Les shebab (« les jeunes » en arabe) se réclament ouvertement de l’idéologie du jihad (guerre sainte) mondial prôné par Al-Qaïda et contrôlent une large partie de la capitale Mogadiscio, ainsi que le centre et le sud du pays.

L’actuel gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, ne contrôle qu’avec l’aide des troupes de l’Union africaine que quelques points stratégiques de la capitale, dont l’aéroport.

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