Youssouf Fofana a lancé à son arrivée au procès « Allah akbar » en levant un doigt vers le ciel. »Je m’appelle arabs, africaine révolte armée barbare salafiste », a-t-il dit en déclinant son identité.
Le procès du meurtre d’Ilan Halimi a ouvert mercredi 29 avril avec un peu de retard. Premier accusé à entrer dans le box: Youssouf Fofana, en sweat shirt blanc et très souriant, a déclaré, levant un doigt vers le ciel, « Allah akbar » (Dieu est grand en arabe). Alors que la présidente lui demandait de décliner son identité, Youssouf Fofana a répondu : « Je m’appelle arabs, africaine révolte armée barbare salafiste. Je suis né le 13 février 2006 à Saint-Geneviève des bois ». Il s’agit de la date et du lieu de la mort d’Ilan Halimi.
Le huis-clos débattu
La présidente de la cour d’assises des mineurs de Paris jugeant Youssouf Fofana et 26 complices présumés du rapt et de la séquestration d’Ilan Halimi a ordonné au public d’évacuer la salle d’audience mercredi vers 12H15, le procès devant se tenir à huis clos.
Une fois le jury constitué (cinq femmes et quatre hommes), la « publicité restreinte » des débats (sans journalistes ni public à quelques exceptions près) est de droit dans une cour d’assises jugeant des mineurs. Deux des 27 accusés étaient mineurs au moment des faits.
Plusieurs parties au procès, notamment la famille d’Ilan Halimi, contestent le huis clos, mais la question devait être débattue mercredi une fois prononcée l’ouverture des débats, a décidé la présidente Nadia Ajjan.
Youssouf Fofana, accusé avec 26 complices présumés du rapt et de la séquestration d’Ilan Halimi, demande que son procès soit public et ne se tienne pas à huis clos, selon des conclusions déposées par ses avocats.
« Aucun élément de fait n’est produit, justifiant la restriction des débats », plaident Me Emmanuel Ludot et Isabelle Coutant-Peyre, alors que les débats, impliquant deux mineurs, doivent se tenir à huis clos.
« Cette publicité (des débats) protègent les justiciables contre une justice secrète, échappant au contrôle public et constitue ainsi l’un des moyens de contribuer à préserver la confiance dans les tribunaux », arguent-ils. La mère d’Ilan a aussi réclamé la publicité des débats.
Riches « parce que juifs »
La connotation antisémite retenue par la justice une semaine après la découverte du corps d’Ilan Halimi, un jeune vendeur juif assassiné après trois semaines de calvaire, le 13 février 2006, avait donné une dimension nationale à ce crime, à propos duquel le président Jacques Chirac avait promis de faire « toute la lumière ».
A partir de la diffusion du portrait-robot d’une jeune femme chargée d' »appâter » des hommes présumés riches « parce que juifs », la police avait interpellé jusqu’à une trentaine de membres du « gang des barbares », implanté dans une cité HLM de Bagneux (Hauts-de-Seine).
Dix semaines de procès
Neuf projets d’enlèvement -dont certains versés à la procédure- ont été attribués à la bande avant celui, accompli, d’Ilan Halimi, victime de tortures pendant les 24 jours de sa séquestration dans un appartement, puis un sous-sol d’immeuble.
Au total neuf jeunes femmes -dont Emma, 17 ans à l’époque, qui aurait attiré Ilan dans le piège en le séduisant dans son magasin du boulevard Voltaire- siègeront parmi les accusés.
Le procès, prévu sur dix semaines, devrait se tenir à huis clos, un principe qui s’applique lorsque des mineurs sont concernés.
Une requête rejetée
Hormis Youssouf Fofana, assassin présumé, qui encourt la prison à vie, une quinzaine d’accusés doivent répondre de leur participation au rapt ou à la séquestration d’Ilan. D’autres comparaîtront libres pour les seuls chefs d’association de malfaiteurs ou de non dénonciation de crime.
Avant le procès, Youssouf Fofana a déjà protesté contre les conditions de sa détention prévue pour de longues heures dans la « souricière » insalubre du palais de justice de Paris, mais le tribunal administratif a rejeté mardi la requête qu’il avait formulée en urgence pour ne pas avoir à y séjourner.
Les avocats du chef présumé du « gang des barbares » soulignent, par ailleurs, que la procédure d’extradition depuis la Côte d’Ivoire ne mentionnait pas la circonstance aggravante du caractère antisémite du crime présumé, ni deux tentatives précédentes d’enlèvement. Ils demandent donc en conséquence que Fofana soit « déclaré absent » lorsque ces faits seront évoqués.