Par Lenny Ben David, publié dans le Jérusalem Post, le 7 août 2009.
La réponse sans équivoque de Netanyahou aux Américains, hostiles à l’édification d’habitations juives dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, pourrait bien clore un chapitre long de 90 ans du conflit israélo-arabe et rétablir une certaine justice.
« Nous ne pouvons accepter l’idée que des Juifs se voient refuser le droit de vivre et d’acheter des logements où bon leur semble à Jérusalem », a déclaré le Premier ministre.
Trop longtemps, États arabes, groupes terroristes et Arabes palestiniens ont cru pouvoir engager des guerres « à responsabilité limitée », d’abord contre les Juifs de Palestine, puis contre l’État hébreu. Ils caressaient le fantasme de lancer en toute impunité des attaques visant à supprimer l’État juif, sachant qu’une défaite les ramènerait au statu quo antérieur et leur permettrait d’obtenir par voie diplomatique, ce qu’ils n’avaient pu gagner sur le champ de bataille : les territoires acquis par Israël seraient rendus, et non annexés, les chefs terroristes honorés, et non condamnés, et les Juifs et Israël blâmés, et jamais dédommagés.
Un fantasme hélas devenu réalité…
En 1920, on tenait la déclaration Balfour pour très pertinente et faite pour être appliquée. Après 400 ans d’occupation turque, les Britanniques voulaient affirmer leur autorité. Les Juifs qui avaient fui le régime turc revenaient, rejoints par des « sionistes » de Russie et d’Europe de l’Est pour construire le « foyer national » qu’on leur avait promis. De leur côté, clans arabes et groupes locaux unissaient leurs forces pour combler le vide laissé par les Turcs. Avec des autorités britanniques bienveillantes à leur égard et hostiles à l’établissement d’un foyer juif en Palestine, ils allaient combattre l’immigration juive et l’achat de terres par les Juifs.
Au début des années 1920, le village juif de Tel Haï, en Galilée, est attaqué par des maraudeurs arabes, puis des émeutes et des pogromes antijuifs éclatent dans toute la Palestine. Brandissant haches et épées, les assaillants hurlaient « Addowlah ma’anah ! » (Le gouvernement est avec nous !) et « Itbah al-Yahoud ! » (Mort aux Juifs !). A leur tête, le neveu du maire de Jérusalem, un jeune fomentateur de troubles nommé Haj Amin el-Husseini.
Au lieu de jeter Husseini en prison ou de le pendre, les Britanniques le nomment grand mufti de Jérusalem. Dès lors, le chef terroriste antisémite va profiter de sa position pour se faire des partisans et un statut, qu’il exploitera pendant 25 ans, avec, pour point culminant, sa
collaboration avec Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1937, les Britanniques tentent toutefois d’arrêter le mufti, qui a fui la Palestine. En vain. Ils compensent alors cet échec en confisquant ses propriétés : plusieurs bâtiments célèbres à Jérusalem, dont le palace de la rue Agron (aujourd’hui en passe de redevenir un hôtel de luxe après avoir abrité le ministère de l’Industrie et du Commerce), la Maison d’Orient (d’où l’Autorité palestinienne tente d’établir son pouvoir sur Jérusalem-Est) et l’hôtel Shepherd de Sheikh Jarrah, construit sur un terrain nommé Karam al-Mufti, en souvenir de Husseini.
C’est à quelques mètres de l’hôtel Shepherd qu’a eu lieu, en avril 1948, un terrible massacre. 79 Juifs, médecins ou infirmières en route pour l’hôpital Hadassah du mont Scopus, sont attaqués par des centaines de terroristes arabes. L’assaut dure plusieurs heures avant que les Britanniques se décident à intervenir.
Une multitude d’autres communautés juives subissent également des violences à cette époque. Réaction des Britanniques : des restrictions draconiennes à l’immigration juive. En 1922, le Mandat britannique est amputé d’une portion de territoire qui aurait pu appartenir au foyer juif, mais a été offerte à l’émir Abdallah pour former ce qui allait devenir la Jordanie. Addowlah ma’anah.
« Je n’aurais jamais dû obliger Israël à évacuer le Sinaï »
Le schéma des attaques arabes, suivies de leur récompense, allait se répéter encore et encore. Responsabilité limitée : les Arabes payaient très peu cher leurs agressions.
En 1956, après plusieurs attaques terroristes de fedayin menées par les Égyptiens, Israël s’allie à la France et à la Grande-Bretagne dans la campagne du Sinaï contre l’Egypte. Après deux jours de guerre, le président américain Eisenhower appelle le Premier ministre Ben Gourion pour le réprimander : « Vous ne devez pas oublier que la force d’Israël et son avenir dépendent des Etats-Unis. » Une affirmation suivie de menaces directes : si Israël ne se retire pas du Sinaï et de Gaza, il fera l’objet d’une condamnation de l’ONU, l’aide américaine cessera et les lois fiscales américaines relatives aux dons seraont réexaminées.
De longues et fiévreuses négociations s’engagent alors entre les Israéliens et le secrétaire d’Etat Dulles, qui veut diviser les Juifs américains. Dulles invite une délégation de grands philanthropes juifs, dont certains non sionistes, à user de leur influence pour convaincre Israël d’accepter la position américaine… »
Ainsi Israël finira-t-il par se retirer du Sinaï en 1957, sans se ménager de garanties solides contre de futures agressions égyptiennes. En octobre 1965, Eisenhower avoue : « Quand je repense à Suez, je regrette ce que j’ai fait. Je n’aurais jamais dû obliger Israël à évacuer le Sinaï. »
En 1967, plusieurs casus belli contraignent Israël à déclencher la guerre des Six-Jours: le blocus naval de l’Égypte sur Israël, les troupes égyptiennes massées dans le Sinaï, le déploiement de tanks jordaniens en Judée-Samarie, des obus tirés sur Jérusalem et le bombardement par la Syrie de villages du nord d’Israël.
Les rédacteurs anglais et américains de la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l’ONU, toujours en 1967, ont eux aussi reconnu l’absurdité de revenir aux frontières fixées par l’armistice de 1949.
Cela ne les empêche pas de s’associer aujourd’hui à l’ONU pour réclamer, selon le concept arabe des guerres à responsabilité limitée, un retrait complet de la Judée-Samarie et de Jérusalem-Est et le démantèlement de la barrière de sécurité érigée pour empêcher les attentats-suicides palestiniens. En d’autres termes, il n’y a aucune punition, aucun prix à payer et aucun dédommagement pour les actes d’agression. Addowlah ma’anah. Les actions et les paroles de l’actuel gouvernement Obama, « partenaire de paix » d’Israël, font remonter des échos de ce sinistre cri de guerre.
« Obama », pouvait-on lire récemment dans le Washington Post, « a répété haut et fort qu’un gel des implantations s’imposait en Judée-Samarie. En faisant cela, il a déplacé l’attention sur Israël. Il a réveillé le vieux fantasme palestinien : voir l’Amérique contraindre Israël de faire des concessions critiques… tandis que les Arabes, de leur côté, n’auront qu’à regarder et applaudir. » Addowlah ma’anah.
De façon assez ironique, Abbas lui-même a récemment révélé qu’autrefois, les Arabes de Palestine ne comptaient pas sur l’appui des grandes puissances et des nations arabes et qu’ils étaient même capables de prendre leurs responsabilités. L’acquisition du site de l’hôtel Shepherd s’est déroulée dans un total respect de la loi. Le terrain, d’abord confisqué par les Britanniques, a été administré par le gouvernement jordanien après l’annexion illégale de la
Judée-Samarie et de Jérusalem-Est en 1950.
Sous la législation internationale, le gouvernement israélien en est devenu le gardien au lendemain de la guerre de 1967. Depuis 15 ans, ce bâtiment était à l’abandon. Bientôt, il abritera les descendants de ceux que Haj Amin el-Husseini a tenté de tuer en Palestine, ou les petits-enfants des Juifs européens qui ont pu échapper à l’allié de Husseini, Adolf Hitler.
En fin de compte, peut-être, mais peut-être seulement, une agression peut-elle avoir des conséquences…
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