Devenue une denrée rare, la dignité pleure en silence

Le général Michel Aoun continue de cautionner l’assassinat du pilote d’hélicoptère, le capitaine Samer Hanna, abattu en août 2008 par le Hezbollah. La mère du martyr, Yvette Hanna Harb se dit offusquée par la campagne du général, venu cette semaine jusque Tannourine, son village natal. Mais par respect au serment militaire de son fils de martyr, elle a refusé de manifester sa colère.

Dans un communiqué publié hier, la mère du martyr Samer Hanna, Yvette Hanna Harb, dénonce la démagogie du général Aoun, « qui a piétiné son serment et l’honneur militaire en protégeant le Hezbollah, au moment où le parti responsable du meurtre de son fils s’est mué dans un silence gêné, synonyme d’excuse. Mais Aoun refuse de s’excuser… ». Ce faisant, Yvette se dit touchée au plus profond de son âme. Et l’insistance du général à insulter le martyr et l’institution militaire tout entière a dépassé les limites de la dignité.

L’honneur de madame Yvette Hanna Harb et sa dignité sont cependant sans limite. Devenus denrées rares au Liban sous l’effet de la démagogie, l’honneur et la dignité obligent cette Grande dame à s’abstenir de toute réaction. Pourtant, elle avoue, dans son communiqué, avoir « eu l’occasion de rééditer l’exemple du journaliste irakien Mountasser Al-Zaïdi », devenu célèbre pour avoir lancé ses chaussures contre le président américain George Bush à Bagdad. Mais Yvette Hanna Harb a, au moins, du respect pour ses chaussures. Elle n’a pas voulu les souiller, dit-elle, « non pas par respect à la cible potentielle qu’est Michel Aoun, mais par respect à l’Eglise de Tannourine et au souvenir de son fils » où elle l’a rencontré en meeting, dimanche 31 mai.

Cette sortie remarquable, la première de la famille du martyr Samer Hanna depuis neuf mois, peut avoir des conséquences sur la candidature de Michel Aoun, soutenu par l’Iran via le Hezbollah. Depuis son retour au Liban en 2005, le vieux général n’a cessé de prendre sa base partisane à contre-pieds, et de critiquer et d’insulter l’Eglise qu’il prétend défendre. A la veille du scrutin, le général persiste à mal achever sa carrière. Il s’était déjà suicidé politiquement. Ce qui sera sans doute salutaire pour le Liban.

Khaled Asmar

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