Comment régler le problème de Gaza ?

Le sort de la bande de Gaza suscite de nombreux échos à travers le monde. Un journal tchèque, Lidové noviny, a publié le 30 décembre 2008 une intéressante « lettre à la rédaction » en forme de « vœu de Nouvel an » : « Je souhaite qu’un jour l’Égypte et la Turquie effectuent deux mesures radicales : l’invasion de la bande de Gaza par l’armée égyptienne et celle du Liban par les soldats turcs.

Objectif : mettre hors d’état de nuire, désarmer tous les combattants du Hamas et du Hezbollah et ainsi mettre sous pression la Syrie pour qu’elle rompe son alliance avec l’Iran, qu’elle expulse les chefs du Hamas et commence à se comporter d’une façon politiquement responsable. Sans ces mesures radicales, la tumeur cancéreuse de l’extrémisme continuera à se propager même à travers des États musulmans encore modérés.

Tant qu’Israël lutte seul contre Hamas, chaque goutte de sang palestinien augmente le prestige du mouvement islamiste et affaiblit les positions du régime égyptien pro-occidental, ainsi que du Fatah de Mahmoud Abbas. Attendre un éventuel armement iranien serait suicidaire. » C’est, je crois, une très bonne analyse de la situation actuelle. Bien sûr, il est possible de répliquer que ce scénario restera un vœu pieux. Les Musulmans ne se feront pas la guerre pour faire plaisir à Israël.

Le rapport de force entre l’Occident et le monde musulman est une notion complexe. La puissance du second réside uniquement dans la faiblesse du premier. Non pas une faiblesse physique, mais morale : son indécision, son manque de solidarité, son incapacité de défendre énergiquement, sans hésitation et sans complexe, ses intérêts vitaux.

L’Occident doit mettre le poing sur la table

Les Musulmans ont subi une gigantesque explosion démographique grâce à la médecine et aux sciences occidentales. Ils disposent de ressources financières considérables grâce à l’or noir. Prenons l’exemple de l’Égypte. Il y a un siècle, le pays comptait dix millions d’habitants. Sa population atteint aujourd’hui soixante-dix millions. Pourtant, mis à part quelques kilomètres le long du Nil et son delta, le pays est un désert absolument inhabitable. Le barrage d’Assouan, construit avec l’aide de l’Union soviétique, n’a pas amélioré la situation. Selon certains, elle s’est même aggravée.

De quoi vivent alors les Égyptiens aujourd’hui ? Avant tout, des énormes sommes qu’ils reçoivent, sans contrepartie, de l’Occident. N’est-il pas possible d’exercer sur eux une pression ? Ne pouvons-nous pas exiger, qu’en contrepartie, les Égyptiens rattachent la bande de Gaza à leur territoire, accordent à ses habitants la citoyenneté égyptienne et s’efforcent à les intégrer à leur population? Cette mesure est possible ! Il suffirait de leur faire clairement comprendre nos attentes.

En ce qui concerne la bande de Gaza, son intégration à l’Égypte est en réalité la seule solution possible, après l’évacuation israélienne décidée par Ariel Sharon. Dans son ouvrage, En attendant la guerre, Mme Jana Hybaskova, députée tchèque du parlement européen, explique qu’au Proche-Orient, « … on voit comment la mèche brûle vers la dynamite, comment l’explosif sautera. Une sensation horrible que quelque chose doit maintenant, tout de suite, se passer » (Rybka Publishers, 2004, p. 10).

Ce diagnostic est valable pour toute la région mais tout particulièrement pour la bande de Gaza. L’explosion de ce territoire représente un énorme risque, non seulement pour Israël, mais aussi pour l’Europe et pour la paix mondiale. C’est pourquoi l’Union européenne doit, en coopération avec les Etats-Unis, s’efforcer de résoudre le problème de la bande de Gaza en l’intégrant à l’Egypte. Il n’y a aucune autre solution à ce problème. La création d’un Etat palestinien, « composé de deux parties séparées, habitées par des populations ayant des expériences historiques très différentes et dans lesquelles le pouvoir est exercé par des forces tout à fait distinctes, et où l’on ne pourrait se déplacer d’une partie à l’autre qu’à travers Israël – avec lequel pourtant aucune paix véridique ne serait conclue », n’est certainement pas une solution réaliste.

Un jour peut-être, un Etat palestinien sera créé en Judée-Samarie. Mais Gaza ne pourra jamais en faire partie. De même, le territoire ne pourra jamais exister en tant qu’État souverain. La bande côtière n’est pas viable : trop petite, surpeuplée. L’idée d’un Etat palestinien composé de deux parties, la Judée-Samarie et Gaza, ne peut être conçue que comme une solution provisoire, en attendant la destruction totale d’Israël. En tout cas, le sort de Gaza ne doit pas être relié à celui de la Judée-Samarie.
Répétons que les soi-disant Palestiniens ne composent pas une nation spécifique.

Politiquement, un « État palestinien » n’a jamais existé. Jérusalem n’a jamais été la capitale d’un autre État que celui des Juifs – à l’exception de la période du « Royaume latin », fondé par des croisés européens au Moyen-âge. L’espace compris entre le Jourdain et la Méditerranée faisait partie de divers khalifats, mais il n’a jamais formé un quelconque État national palestinien. De même, il n’y a pas une langue ou une culture spécifiquement palestinienne.

Jusqu’à 1918, les ancêtres des « Palestiniens » étaient simplement des habitants d’une partie de l’Empire ottoman. Un Arabe de Jérusalem ne se sentait pas dépaysé à Damas. Dans les deux villes, il parlait la même langue, vivait suivant les mêmes traditions et les mêmes lois. Les Arabes, eux-mêmes se considèrent comme ressortissants du « peuple arabe » et rêvent qu’un jour un chef valeureux, un nouveau Saladin, les réunira. S’ils évoquent une nation palestinienne, c’est uniquement pour arracher un doigt aux Israéliens avant de couper demain toute la main.

Certes, un sentiment d’identité se forme par un sort partagé. Si l’Allemagne n’avait pas reconnu la citoyenneté allemande aux habitants des Sudètes, expulsés de la Tchécoslovaquie après la Seconde Guerre mondiale, si elle les avait enregistrés pendant des décennies comme des personnes sans citoyenneté, peut-être à la fin, ils auraient aussi commencé à se considérer comme une nation spécifique.

L’Égypte ou le néant

Aujourd’hui, Gaza n’a aucune autre perspective d’avenir que l’intégration à l’Égypte. Rappelons par ailleurs que la bande côtière constituait une enclave philistine même à l’époque du premier et du second Temple. Et qu’il y a trente ans, lors des négociations devant aboutir aux accords de Camp David, Menahem Begin demandait déjà aux Égyptiens de reprendre Gaza – ce qu’ils avaient refusé. Le moment est peut-être venu de leur forcer la main ! Bien sûr, il ne sera pas facile pour l’Égypte de se charger d’un nouveau fardeau.

Mais Le Caire pourra naturellement compter sur l’aide de l’Occident et concrètement de l’Union européenne. L’Europe a une certaine responsabilité historique au Proche-Orient. Le rattachement de la bande de Gaza à l’Égypte est dans l’intérêt des habitants de la bande côtière, fatigués de se sacrifier dans un combat inégal contre l’impérialisme et le sionisme.

Les Israéliens devraient demander maintenant à l’Europe, sous présidence tchèque, de faire pression sur l’Égypte. Il n’est pas sûr que l’opportunité se représentera, lorsque la présidence de l’Union sera exercée par la Suède, puis par d’autres pays moins favorables à Israël. L’histoire nous enseigne qu’il faut savoir saisir les occasions. Ne gâchons pas celle qui se présente aujourd’hui.

L’auteur est historien tchèque, titulaire d’un doctorat de troisième cycle d’histoire contemporaine.

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