Il y’a Williamson le négationniste. Mais il y a aussi Al-Qaradhaoui l’antisémite. Le premier est évêque intégriste, le second est prédicateur salafiste. Tous deux, en ce mois de janvier 2009, ont montré leur aversion des Juifs. Mais si la sortie médiatique du premier a suscité, à juste titre, un tollé, le discours du second est passé inaperçu. Si l’Argentine pays accueillant l’homme d’église britannique a considéré l’ecclésiastique, persona non grata, le Qatar, monarchie qui donne refuge à l’idéologue des Frères musulmans, ne semble pas gêné par ses déclarations. Pourtant, le roi de ce petit État pétrolier prétend être l’ami de l’Occident, ses sujets investissent énormément en Europe, et particulièrement en France, son pays abrite une base militaire américaine et avait même accrédité un chargé d’affaires israélien. Mais ce n’est pas la première fois que le Qatar fait dans le double discours, et ce, devant des Occidentaux plus enclins à faire du business qu’à défendre des valeurs.
Il serait important de savoir, tout de même, ce qu’a dit Youssouf Al-Qaradhaoui. Devant lui, Richard Williamson fait office d’enfant de chœur. Dans un discours/prêche diffusé par la chaîne qatarie, Al-Jazira, l’idéologue salafiste, a voulu envoyer un « message aux juifs agresseurs, arrogants et vaniteux ». Il a rappelé au cours de plusieurs interventions que les « Juifs ont été punis en raison de leur comportement une première fois par les Babyloniens, une seconde fois par les Romains et enfin pat Hitler ».
Mais l’intégriste musulman, considéré aujourd’hui, y compris en Europe comme une référence théologique, a souhaité que la prochaine fois « la punition des juifs vienne par les mains des musulmans ». Al-Qaradhaoui a enfin avoué qu’il espérait qu’avant la fin de sa vie « Dieu lui permettrait d’aller sur le terrain du djihad en chaise roulante, s’il le faut, pour tirer sur les juifs, ennemis de Dieu, afin qu’ils ripostent avec une bombe pour que [il] j’achève [sa] ma vie en martyr ».
Ces paroles, vues et entendues par plusieurs personnes à travers le monde, me poussent à poser deux questions. Primo. Jusqu’à quand les Occidentaux laisseront-ils ce genre de messages passer sans réagir ? Jusqu’à quand continueront-ils à adopter la politique de l’autruche, abandonnant leur jeunesse de confession musulmane aux mains de ces fascistes ? Secundo. Ne faut-il pas que des associations poursuivent cet individu devant les tribunaux européens afin qu’il cesse, au moins, d’être accueilli en Occident ?
Je pose ces questions parce que je connais la portée des discours d’Al-Qaradhaoui et leurs répercussions possibles sur les esprits les plus fragiles, les moins érudits et les plus perméables aux propos haineux. Il ne faut plus s’étonner de la montée de l’antisémitisme en France, lorsque des personnes considérées comme des « autorités religieuses » tiennent ce genre de prêches face au silence des institutions musulmanes françaises tels le CFCM ou la mosquée de Paris. Les deux ont obligation de condamner ouvertement et en médiatisant largement leur action, ce type de sermon et leur auteur. S’ils n’adoptent pas une telle position, c’est qu’ils sont définitivement complices, par leur passivité, des tenants de la haine.
Mais par ailleurs, les autorités officielles européennes ont le devoir de réagir. Al-Qaradhaoui est membre du « conseil européen de la fatwa » et reste une personnalité très écoutée sur le vieux continent. Ne rien faire, c’est, là aussi, se rendre complice de son action haineuse.
Il n’est plus possible, il n’est plus acceptable d’avoir une politique ferme et intransigeante à l’égard d’un intégriste et faire le sourd lorsqu’il s’agit d’un autre. Il n’est plus possible de considérer que les fanatiques musulmans ont tous les droits.