Samir Geagea répond à Hassan Nasrallah

Par Khaled Asmar

Au lendemain de la conférence de presse de Hassan Nasrallah, au cours de laquelle le chef du Hezbollah a accusé les Forces Libanaises d’avoir enlevé les quatre diplomates iraniens en 1982, le chef des Forces Libanaises a tenu une conférence de presse pour répondre, point par point, aux propos de Nasrallah.

Geagea a dénoncé « la mémoire sélective de Hassan Nasrallah, utilisée avec une grande hypocrisie pour des fins électorales ». Il a affirmé que « les autorités libanaises ont déjà enquêté sur la disparition des diplomates iraniens, et ont informé le Hezbollah et l’Iran des résultats. Mais Nasrallah, érigé en défenseur des intérêts de Téhéran au détriment de ceux du Liban, poursuit sa campagne et ouvre les dossiers de la guerre, avec ce que ceci représente comme menace pour la paix civile et la stabilité du Liban ».

Geagea s’est saisi des propos de Nasrallah, qui a présenté, la veille, l’affaire des diplomates comme une affaire humaine qui ternit l’image du Liban dans le monde, puisque ces diplomates étaient en fonction au Liban et leur disparition depuis 27 ans n’est pas glorieuse pour le pays. A ces propos, Geagea a répondu que « si Nasrallah était si soucieux de l’image du Liban dans les milieux diplomatiques, pourquoi ne commence-t-il pas par faire la lumière sur les assassinats des ambassadeurs américain, Francis Meloy, en 1976, et français, Louis Delamarre, en 1981 ? Ils ont été assassinés par les alliés du Hezbollah », rappelle Geagea avant de dénoncer la mémoire sélective de Nasrallah qui « cherche systématiquement à impliquer les Forces Libanaises dans tous les détails d’une guerre qui a duré 15 ans, comme si les Forces Libanaises étaient l’unique acteur de cette guerre ! »

« Le Hezbollah, ses alliés et leur machine de propagande donnent systématiquement des Forces Libanaises une image noire », constate Geagea, avant de s’interroger : « si notre responsabilité est établie dans la disparition des quatre diplomates iraniens, qu’en est-il alors de leur rôle dans la disparitions de centaines voire de milliers de Libanais et d’Occidentaux durant la guerre ? Le Liban a vécu une guerre de 15 ans qui a fait 100.000 morts. Les Forces Libanaises sont responsables de milliers de morts, peut-être, mais alors, qui est responsable des dizaines de milliers restants », se demande Geagea avec fermeté, rappelant sa détermination à ne plus se laisser intimider par ses adversaires, dont Hassan Nasrallah qui, « à chaque occasion, sort de son turban un nouveau mensonge pour servir ses maîtres iraniens et syriens… ».

Geagea a ensuite donné plusieurs exemples de disparitions de Libanais, qui se trouvent toujours dans les prisons syriennes, que le Hezbollah tend à faire oublier. Et de s’interroger « pourquoi le Hezbollah, qui avait les pleins pouvoirs entre 1990 et 2005 (sous occupation syrienne) n’a-t-il pas fait le nécessaire pour faire la lumière sur les diplomates iraniens ? » D’autant plus que les véritables responsables de cet enlèvement étaient à l’époque les alliés du Hezbollah et partie prenante du gouvernement et du régime installé par Damas au Liban (Elie Hobeïka). Ce qui prouve, conclut Geagea, que « le Hezbollah a d’autres objectifs sournois derrière cette manœuvre ».

Enfin, le chef des Forces Libanaises a rappelé que son parti était disposé à coopérer avec toute enquête pour mettre un terme aux questions conflictuelles héritées de la guerre, à condition que tous les protagonistes soient associés, et que tous les dossiers soient ouverts, sans exclusif. « Les Forces Libanaises ne sont et ne seront jamais le souffre-douleur », a-t-il rappelé.

La tension est ainsi appelée à croitre, à l’approche des élections législatives de juin prochain. Le Hezbollah fait feu de tous bois pour renflouer son allié Michel Aoun, la popularité du Général étant en chute libre. Nasrallah tente de rouvrir des dossiers polémiques dans l’espoir de déstabiliser le camp chrétien, de mettre en cause les Forces Libanaises, au profit du Courant Patriotique Libre (CPL). Mais les thèses défendues par ce dernier semblent de plus en plus rejetées.

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