La ville de Malmö au sud de la Suède va abriter du 6 au 8 mars 2009 la rencontre de la Coupe Davis opposant la Suède à Israël.
Un événement de taille pour cette troisième ville suédoise et une occasion unique pour les amateurs de la petite balle jaune de voir un tennis de haut niveau à domicile. Je réserve donc mes billets à mon club de tennis, avant d’apprendre par la suite que les politiques de la mairie de Malmö ont décidé par 5 voix contre 4 que les rencontres se joueront à huis-clos.
Énorme déception chez les amateurs de tennis et demi-satisfaction chez les détracteurs d’Israël qui eux voulaient et veulent toujours que la rencontre soit purement et simplement annulée.
La mairie explique sa décision en avançant que vu les menaces pesantes sur la sécurité des joueurs et du public, il est plus raisonnable que les matchs se jouent sans spectateurs.
Première contradiction : la police locale, préparée depuis plusieurs mois pour assurer la sécurité de cet événement sportif, a réaffirmé après la décision de la mairie qu’elle était toujours en mesure de remplir sa tâche et que c’était son travail de garantir que la Coupe Davis se déroule sans incidents. Autre surprise : celle qui devait venir de la bouche du maire de Malmö, Ilmar Reepalu, un social-démocrate.
S’exprimant à titre personnel, il a déclaré à un journal local qu’il aurait préféré que la Coupe Davis soit annulée suite à la guerre à Gaza, qui, selon lui rend Israël persona non grata dans la ville de Malmö. Je ne savais pas encore qu’un homme politique pouvait avoir des opinions de « travail » et des opinions personnelles !
Quand Facebook entre dans la partie
Cette déclaration illustre assez bien l’état d’esprit et les positions d’une partie des habitants de Malmö (et de Suède) vis-à-vis d’Israël.
Une campagne pour l’annulation de la Coupe Davis a déjà récolté plus de 5 000 signatures et nombreux sont les commentaires haineux et violents à l’encontre d’Israël et, bizarrement, à l’encontre des Juifs (!) sur Facebook via un groupe intitulé « Stoppons le match » (« Stoppa matchen » en suédois).
Pendant l’offensive de l’armée israélienne à Gaza, les manifestations pro-palestiniennes ont été nombreuses à Malmö, où une grande communauté en provenance du Moyen-Orient est installée. Les pro-Palestiniens se sont exprimés avec hargne et leurs slogans sanguinaires et haineux ne sont pas passés inaperçus, du moins chez ceux qui tiennent à sauvegarder la démocratie en Suède.
Mais il faut tout de même remonter au dimanche 25 janvier 2009 pour mieux comprendre le climat de tension qui règne dans cette ville provinciale d’environ 290 000 habitants. L’association Shalom Fred (Shalom Paix) décide ce jour-là de manifester (en toute légalité) son soutien à Israël et d’exprimer son souhait de paix dans la région.
La politique du deux poids, deux mesures
La manifestation a tout d’un rassemblement pacifique où musique et bonne humeur sont au rendez-vous.
Seul bémol pour venir troubler ces participants souvent d’un certain âge venus manifester dans la dignité : la présence à une vingtaine de mètres de là d’une contre-manifestation. La police, bien que présente en masse, avait pris la « sage » décision de placer les anti-Israéliens (pour ne pas dire les « antijuifs ») à deux doigts de la manifestation pro-Israël.
Résultat des courses : jets de pierres, de bouteilles et de pétards en plus des « Heil Hitler » et « Morts aux Juifs » scandés avec une agressivité animalière par une foule de déchaînés. Bizarrement, les forces de l’ordre restent stoïques. Interrogés sur leur inertie,ils répondent fermement à ceux qui leur demandent pourquoi ils ne font rien pour les protéger des projectiles.
Selon la constitution, les anti-Israéliens ont autant le droit de s’exprimer que les pro-Israéliens, diront-ils simplement. Mais que dit la constitution quant au jet de pierres et de bouteilles ?
Eh bien quand la situation devient incontrôlable et qu’elle risque de tourner au lynchage collectif, les policiers ordonnent manu-militari aux pro-Israéliens d’évacuer les lieux.
Oui, ce sont les pro-Israéliens qui ont dû fuir comme des voleurs pour sauver leur peau ! Dès le lendemain, les critiques tombent évidemment de tous bords et remettent sérieusement en question la capacité de la police à protéger et à garantir le droit d’expression dans les rues de Malmö.
De nombreuses personnes, surtout les plus âgées, présentes la veille, sont toujours sous le choc et n’arrivent pas à croire que de telles situations de peur et de panique soient possibles dans l’État démocratique de Suède, en 2009.
Deux semaines plus tard, l’association Shalom Fred décide de reconvoquer la manifestation avortée du 25 janvier avec un mot d’ordre assez strict : « Droit à manifester, liberté d’expression et droit à l’existence d’Israël ».
Les pro-palestiniens, ou plutôt les anti-Israéliens, sont cette fois encore, présents, toujours aussi déchaînés et haineux.
Ils sont toutefois tenus à l’écart à plus de 200 mètres de la manifestation. La présence des policiers est impressionnante et semble destinée à assurer notre sécurité.
Je dis « notre sécurité », car moi qui avais jugé trop risqué de manifester lors du premier rassemblement pour Israël, j’avais tenu cette fois-ci à manifester à visage découvert ma sympathie pour l’État juif et mon soutien inconditionnel à la démocratie.
Vous devinerez tous seuls à qui s’adresse le magnifique cadeau que monsieur le maire de Malmö s’est permis d’offrir en interdisant tout public durant les cinq matches de tennis que compte une rencontre de Coupe Davis le temps d’un week-end.
Détrompez-vous et au risque de vous décevoir : non je ne suis pas juif ! Mais doit-on être juif pour avouer son amour à Israël et à la démocratie en général ? Je suis né et j’ai grandi dans une famille musulmane en terre d’islam. Aujourd’hui, je me considère comme un asexué religieux.
Si je ne me considère plus musulman, et ne me passionne pour aucune religion, je m’emploie à aimer mon prochain, à répandre le bien autour de moi, à prendre soin de mes enfants et de moi-même, et surtout à tout faire pour préserver la liberté d’expression et de pensée que nous avons (encore) la chance de posséder. Vive la démocratie, vive Israël !