Les jeunes manifestants niçois ont-ils été manipulés par des adultes ?

Par Eric Galliano, article paru dans Nice Matin

Ils étaient 400 selon la préfecture. Plus à en croire les commerçants niçois, voire certains policiers. Une armée de gamins, tout au moins d’ados et de jeunes adultes, fondant comme une nuée d’étourneaux à travers les rues du centre de Nice. Certains – quelques dizaines – n’hésitant pas à renverser les terrasses des restaurants, à grimper sur le toit des voitures et à briser quelques vitrines.

Deux samedis consécutifs, le cœur de la capitale azuréenne a été le théâtre de violences urbaines sans précédent. Jamais deux sans trois ? Le week-end dernier, on redoutait le retour des casseurs.

Il n’en a rien été, mais Nice était une nouvelle fois sous très haute surveillance. Tout comme elle le sera sans doute encore aujourd’hui, jour de grande manif. Même si le mot d’ordre est syndical, sans lien avec le Proche-Orient…

Et même si cette poussée de fièvre qui a fait frissonner le centre-ville semble être retombée. Aussi subitement qu’elle était apparue quinze jours plus tôt.

Les symptômes se sont dissipés, mais le mal reste à identifier. Purement viral, et donc passager, ou plus profond, voire encore latent ? Une information judiciaire a été ouverte pour retrouver les casseurs…

Mais aussi les meneurs. Car en marge de ces deux samedis, le rôle d’une poignée d’adultes interpelle.

Ces adultes qui haranguaient les jeunes

Faut-il y voir un lien de cause à non-effet ? A la veille d’un nouveau week-end à risque, vendredi soir dernier, deux suspects ont été appréhendés. Et ceux-là n’étaient pas des gamins. Loin s’en faut. Âgés de 30 et 43 ans, de nationalités algérienne et marocaine, ils se sont gardés de commettre le moindre acte de vandalisme. Pour autant, ils étaient bien là, auprès des casseurs, les rassemblant, les haranguant. Le plus jeune des deux a d’ailleurs été mis en examen pour «complicité par instigation» et écroué. Quelles étaient leurs motivations ? Politiques ? Religieuses ? À moins qu’elles ne soient plus personnelles ? L’un d’eux serait un ancien salarié de l’enseigne Mac Donald’s. Mais pas du restaurant qui a été cassé. En tout cas ces deux suspects n’étaient fichés pour aucune activité militante.

Des jeunes venus du Var

Dès lors, un policier niçois ne voit en eux que « des adultes qui se sont découvert une once de pouvoir sur des jeunes désœuvrés et loin d’être organisés ». Dont acte, mais comment expliquer que des centaines d’ados aient pu se fédérer pour se retrouver le même jour, à la même heure, avec les mêmes intentions belliqueuses ? Des jeunes qui, s’ils partageaient la même origine communautaire, ne peuvent pas être pour autant rangés dans une catégorie unique, celle des gamins de cité. Que ce soit l’Ariane, les Moulins ou Las Planas. Il y a eu, à la suite de ces violences urbaines, une trentaine de jeunes interpellés. Et tous ne venaient pas des quartiers périphériques de Nice. Beaucoup étaient domiciliés dans le centre-ville, voire bien loin de la capitale azuréenne : à Juan-les-Pins, Cannes, Vallauris, ou encore Fréjus et même Draguignan.

Un message qui sent le souffre

Là encore, quel est le fil conducteur ? La réponse serait simple comme un texto. Au lendemain des débordements du 10 janvier, en marge du rassemblement « Pour une paix durable en Palestine », des SMS ont commencé à pleuvoir sur les téléphones portables azuréens. Dès le lundi 12, la date du match retour était fixée au samedi suivant. En ces termes : « De 14 heures à 17 heures devant le McDo en ville. Ramenez, pierres, galets, bâtons, brises vitres… Tout pour faire la guerre à ces Juifs et à ces schmits qui se mettent au milieu… »

Il n’aurait fallu rien d’autre pour fédérer des centaines de jeunes à travers tout le département et jusque dans le Var ? Le problème, c’est que ce texto soulève à son tour de nombreuses questions quant à sa signature, son libellé et donc son origine (voir ci-dessous). Et à travers ces interrogations, c’est celle d’une éventuelle manipulation qui, là encore, se pose. Reste à savoir de la part de qui.

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