Iran : le peuple attend le soutien international

Par Iran-Resist.org

Il y avait près d’un million et demi de personnes dans les rues de Téhéran, ce qui va au-delà des capacités de mobilisation du régime pour ses manifestations obligatoires de l’anniversaire de la révolution ou de la journée anti-israélienne. Les Iraniens seraient peut-être en train de suivre la demande formulée dès avant-hier par Reza Pahlavi de profiter de la situation pour manifester massivement leur rejet du régime.

Quelques jours après l’annonce de la victoire d’Ahmadinejad, le régime organisait lui-même de soi-disant contestations dans le but d’arracher aux Américains une intervention en faveur du candidat perdant qui aurait déclenché la désapprobation de l’ensemble des acteurs du régime comme un signe d’ingérence dans les affaires démocratiques d’un Etat souverain, prétexte à un futur refus de dialogue avec Washington.

L’opération était aussi censée engager les opposants en exil surtout le très populaire Reza Pahlavi, fervent partisan d’un référendum pour un changement de régime, dans un processus logique où il se retrouverait en train de défendre un personnage aussi impopulaire que Rafsandjani qui se présente comme le chef de file de la contestation des résultats du scrutin.

Nous avions parlé d’un piège car l’opération lui laissait peu de choix, mais il a fort bien négocié le virage en évitant le piège qui aurait été de réduire la contestation au domaine consigné par le régime. Via deux messages en persan largement diffusés sur le net par un réseau de bénévoles, il a affirmé qu’il comprenait la déception de ceux qui avaient voté Moussavi, mais qu’il fallait changer de régime pour sortir d’un processus visiblement stérile. Pour conclure il a appelé les Iraniens à profiter de l’occasion pour « imposer leur volonté à un régime de plus en plus divisé et mal vu dans le monde ».

Le résultat de ce discours responsable a été la manifestation de Téhéran qui a réuni 1,5 million d’anonymes qui ne font pas partie des 30,000 figurants du régime dans cette ville. Sur la foi d’une vidéo amateur réalisée sur place on constate qu’il s’agit de quinquagénaires, c’est-à-dire ceux qui il y a vingt ont fait la révolution et ont tout perdu. On voit clairement que ces personnes ont évité de porter des vêtements ou accessoires de couleur verte de Moussavi au point que ceux qui en portent sont en minorité. Plus surprenant, on voit aussi des personnes arborant la couleur rouge pour se distinguer clairement des Moussavistes ! Autre signe révélateur : ces Iraniens ne scandaient pas ces slogans bidons qui stigmatisent Ahmadinejad sans critiquer le reste du système !

On voit aussi qu’ils cachaient leurs visages car des flics en civils déguisés en manifestants filmaient la scène avec leurs portables. La foule était pacifique et marchait à vive allure et les miliciens restaient passifs. Reza Pahlavi a en fait permis aux Iraniens de prendre conscience de leur force numérique.

Le dernier slogan d’hier a été l’appel à la grève générale, cet autre projet d’insubordination pacifique et civique défendu par Reza Pahlavi. Selon nos informations, le Bazar de Tabriz qui a eu des problèmes avec le régime l’année dernière avait déjà commencé la grève hier. On signale aussi des affrontements dans toutes les villes iraniennes.

Pour donner des forces à nos compatriotes, Reza Pahlavi a diffusé hier en début de l’après-midi son troisième communiqué pour saluer leur présence et rappeler qu’il sera « leur défenseur sur la scène internationale ». Il s’est aussi adressé aux forces de l’ordre du régime pour leur dire de « ne pas oublier que ces manifestants qui sont dans la rue face à eux sont leurs frères et sœurs qui se battent pour leur droit à eux, bassidjis, aussi ». Il a aussi rappelé à nos compatriotes que « la condition pour restaurer leur souveraineté est de ne pas abandonner le combat, de se tenir debout ».

Quelques heures plus tôt, sa mère, la Chahbanou Farah, très populaire en Iran, s’était aussi adressée aux forces de l’ordre « comme mère et Iranienne pour les encourager à ne pas faire usage de violences contre leurs frères et soeurs ». Elle a aussi rappelé « l’importance de la solidarité pour une résistance nationale qui permettrait de faire aboutir les revendications de liberté et de justice ».

Selon les Iraniens du pays que nous avons contactés, l’important était de « vaincre la peur. Chacun pense que les autres n’abandonneront pas ».

Cette mobilisation est le résultat des pendaisons publiques, des scènes d’humiliation publique de gamins de faubourgs accusés de petits larcins, le rôle du régime dans la diffusion de la drogue et l’affairisme des dirigeants qui a détruit l’emploi et l’économie.

Face à cette force tranquille qui tenait hier en respect les forces de l’ordre et lui a promis une grève générale, le régime des mollahs a décidé d’utiliser des agitateurs dans la foule pour créer des incidents afin d’ouvrir le feu et tuer pour briser la volonté de futurs rassemblements anti-régime. 4 jeunes, Kasra Sharafi, Mina Ehterami, Kambiz Shoaï et Mohsen Imani, ont trouvé la mort.

Pendant trois jours, des soi-disant jeunes ont brûlé des bus ou des motos, mais le régime n’a pas tiré : il a fallu que les gens qui ne sont pas du régime descendent dans la rue pour le faire ! Autre différence entre les mises en scène des deux premiers jours et la marche d’hier : un manque bizarre d’images vidéo ! Alors que le régime avait ouvert les vannes de YouTube pour mettre en scène la contestation des deux premiers jours, cette fois, il a bloqué les communications.

Soucieux de l’avenir électoral de Moussavi, le régime revendiquera sans doute cette foule. Ce sera le moyen pour venir encore plus nombreux avec des slogans plus explicites. C’est un grand jour pour tous les Iraniens : un jour de prise de conscience de leur force. Ils sauront bientôt qui sont leurs amis ou ennemis au sein du régime ou encore en dehors des frontières de l’Iran. Cette foule que Reza Pahlavi a qualifiée de « combattante et fort capable » a montré sa capacité à surmonter sa peur, il lui faut maintenant le soutien des États libres. Il faudrait qu’ils oublient les faux-semblants comme Moussavi, Khatami, la validité du scrutin, mais aussi leurs contrats en Iran pour investir sur les Iraniens, uniquement sur les Iraniens.

Pour l’instant, cette demande implicite des Iraniens est restée sans suite : on n’entend guère la France, l’Italie et les autres partenaires commerciaux de l’Iran. Le pire exemple est donné par Obama qui évite d’évoquer le sujet du soutien au peuple et veut uniquement s’adresser à Khamenei pour lui parler du scrutin, avec cette vague espoir d’une entente avec ce régime. Mais des voix se lèvent aux États-Unis, certains Américains critiquent cette attitude indigne de Barack Hossein Obama.

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