Iran: la crise met à nu le Guide de la Révolution et ébranle le concept de Wilayat Al-Faguih.

Par Khaled Asmar

Selon la Genèse, Dieu créa le monde en six jours, et se reposa au septième. En Iran, ses représentants légaux ne parviennent toujours pas à se défaire de la crise, au terme du sixième jour. Ce qui menace les fondements du concept de Wilayat Al-Faguih, par définition incontestable.

La crise qui secoue l’Iran, depuis une semaine, ébranle les fondements de la Révolution islamique et menace le concept de Wilayat Al-Faguih. Cette invention de l’Ayatollah Khomeiny place le Guide de la Révolution au-dessus de tout soupçon (« Maasoum », qui ne commet jamais d’erreurs). Il est le représentant légal de Dieu et le chef suprême incontestable et incontesté de tous les musulmans en général, et des Chiites en particulier.

Mais voilà que l’ayatollah Ali Khamenei, promu Guide suprême en 1989, après la mort du fondateur de la République Khomeiny, est sérieusement contesté pour avoir cautionné la fraude et volé aux Iraniens leur choix électoral. Déjà, les théologiens chiites de Qum avaient longtemps exprimé leur mépris à l’égard de Khamenei, estimant qu’il n’a pas les connaissances requises pour être le Guide. Aujourd’hui, ils semblent s’appuyer sur la contestation populaire pour le lâcher. A la recherche d’une sortie de crise, Khamenei appelle tous les protagonistes à la prière du vendredi, ce 19 juin, prière qu’il présidera en personne.

Mais l’homme, par définition au-dessus de tout soupçon, est coincé par son statut et cherche désespérément un fusible. Car, s’il accepte un nouveau comptage des voix, il se discrédite et admet de facto avoir commis une erreur quand il a validé la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad, sa marionnette. Pire encore, s’il accepte un nouveau scrutin, comme le réclame la foule, il conforte ses détracteurs, y compris au sein de l’establishment religieux, et confirme leurs accusations à son égard.

Ainsi, le représentant de Dieu et le descendant du Prophète, comme l’indique son turban noir, retrouve aujourd’hui son vrai statut d’homme politique capable de frauder et de tricher pour parvenir ou se maintenir au pouvoir. Cet état de fait prouve une fois encore les dangers du concept de Wilayat Al-Faguih, tant en Iran qu’ailleurs. Cependant, le très divin Khamenei pourrait encore espérer retourner la situation en sa faveur sans se dédire. Et ce, en attribuant l’erreur à son supérieur. Ainsi, Dieu serait menacé d’un putsch en bonne et due forme ! On ignore encore si, en cas de limogeage, Dieu pourra bénéficier d’un parachute doré ou de stock-options.

Le chef de la filiale libanaise de la République islamique, secrétaire général du Hezbollah, petit ayatollah, impliqué dans la politique – et le terrorisme – jusqu’à la moelle, Sayyed Hassan Nasrallah (turban noir), a ainsi lancé une véritable attaque contre tous ceux qui osent commenter la situation en Iran. Mercredi 17 juin, il a inondé les Libanais de ses menaces (avec ses deux index pointés), affirmant qu’ils n’ont rien compris à la République islamique. Tout en réitérant son statut de « soldat dans l’armée de Wilayat Al-Faguih », il a accusé le Patriarche maronite d’avoir contribué à la défaite électorale de l’opposition, osant même critiquer l’ingérence de l’Eglise dans la politique. S’il est vrai que le petit ayatollah est au-dessus de l’erreur, et que son concept de Wilayat Al-Faguih lui autorise de s’ingérer en politique, il est tout aussi vrai que l’Eglise est le pilier du Liban indépendant. En s’attaquant à Bkerké et au Patriarche, le Hezbollah et son allié Michel Aoun confirment que le salut de la République islamique et de ses Ayatollah réside dans le limogeage des Dieux (celui d’Iran, et celui du Liban). Mais ce que ne dit pas le Genèse, c’est que Dieu ne ferme pas les yeux, même s’il se repose au septième jour.

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