Le Hamas est-il vraiment coupable ?

Par Leshno Yaar, ambassadeur et représentant permanent d’Israël aux Nations unies à Genève.

A ceux qui condamnent l’intervention israélienne dans la bande de Gaza, je demande simplement: « Que feraient-ils si leur propre pays était la cible incessante, durant 8 longues années, de tirs de missiles – plus de 10000 roquettes et des milliers d’obus de mortier – venant s’écraser sur leurs écoles et leurs maisons, et forçant ses habitants à courir aux abris plusieurs fois par jour ? ». « Que feraient-ils, sachant que leur État aurait déjà entrepris à maintes reprises des pourparlers avec l’aide de divers médiateurs, émis de continuelles mises en garde, et engagé une trêve militaire peu respectée par l’autre partie ? » Car le but du Hamas a le mérite d’être clair: sa charte appelle à la destruction d’Israël. Ainsi, à l’argument «c’est l’occupation» qui engendre frustration et violence, je réponds non. Aurait-on en effet oublié qu’Israël s’est retiré de la bande de Gaza, en août 2005 ? Aurait-on occulté le fait que les attaques de roquettes ont augmenté de 500% après qu’Israël se fut retiré complètement de Gaza? La réalité est celle-ci: plutôt que d’améliorer le sort du peuple palestinien, les dirigeants du Hamas optèrent pour la terreur et firent de Gaza un fief d’activités terroristes.

Il est bien évident que mon gouvernement a tout fait pour reconduire la trêve que le Hamas a décidé de violer officiellement le 21 décembre dernier – trêve de 6 mois qui a tout de même vu 215 roquettes s’écraser sur territoire israélien -, plutôt que de devoir s’engager dans une opération militaire risquée sur plusieurs niveaux. Le but n’est bien sûr pas de réoccuper Gaza, mais de mettre hors d’état de nuire l’organisation terroriste du Hamas soutenue par la Syrie et l’Iran. Dans le même temps, Israël ne perd pas de vue le front libanais où le Hezbollah continue de recevoir des armes de l’Iran, et ce sans que personne n’en dise mot.

Aucune démocratie n’aurait toléré de telles attaques contre ses citoyens. Israël n’a d’autres choix que de se défendre et ne fait qu’appliquer un droit légitime conféré à l’article 51 de la Charte des Nations unies en vertu duquel tout État membre a le droit et le devoir de protéger la vie, la sécurité et le bien-être de ses citoyens. Depuis quelques jours pourtant, certains s’indignent et affirment qu’Israël recourrait « à un usage disproportionné et excessif de la force ». Par rapport au concept de proportionnalité, le droit international est très clair: la proportionnalité ne se mesure pas au nombre de civils tués, mais par la menace encourue. Celle-ci s’illustre par le fait que le Hamas détient désormais des missiles longue portée fournis par l’Iran, d’un rayon d’action de plus de 40 kilomètres, menaçant ainsi plus d’un million de civils israéliens.

Comme l’a souligné la présidente de la Cour de justice internationale de La Haye, Rosalyn Higgins, « la proportionnalité ne peut se mesurer à aucun préjudice préalable et spécifique. Elle doit être en rapport avec l’ensemble de l’objectif légitime visé, afin de mettre un terme à l’agression ». Enfin, Luis Moreno-Ocampo, procureur en chef de la Cour pénale internationale, rappelle que le droit humanitaire « permet aux belligérants de mener à bien les attaques contre les objectifs militaires, en dépit de la possibilité de pertes humaines de civils ou de blessés ».

Visant intentionnellement et exclusivement les civils, les bombardements du Hamas constituent un crime de guerre, alors qu’Israël combat uniquement les factions terroristes et met tout en œuvre pour épargner les civils: avant beaucoup d’attaques, les habitants de Gaza sont avertis par SMS, tracts, appels téléphoniques et annonces radiophoniques et invités à quitter les lieux pour leur propre sécurité.

Entendons-nous bien, Israël reste engagé à négocier avec l’Autorité palestinienne du président Abbas. L’intervention militaire ne cible que les infrastructures militaires et les terroristes du Hamas. Cette organisation, qui place délibérément ses armes et ses postes de commande au cœur de la population civile, dans des mosquées, des hôpitaux ou chez des particuliers, et dont les membres armés se mélangent volontairement aux civils, est en totale contradiction avec les Conventions de Genève, et seule responsable des pertes humaines de civils et des blessés qui en résultent. Cette organisation qui appelle régulièrement et publiquement les civils à servir de boucliers humains; cette organisation qui n’utilise pas les larges sommes d’argent dont elle dispose pour aider sa population mais pour lancer des missiles sur Israël; cette organisation enfin qui se réjouit d’utiliser les images d’enfants ensanglantés pour rallier les opinions «à sa triste cause»: cette organisation terroriste n’a que faire du bien de la société palestinienne mais, il faut le reconnaître, se montre particulièrement efficace dans son combat idéologique et médiatique ainsi que dans l’exploitation de la moralité des démocraties.

Jusqu’ici, tout s’est résumé à ceci: les Palestiniens ne pouvaient obtenir la paix et leur État que si le Hamas décidaient de le leur accorder. Aujourd’hui, si la communauté internationale désire réellement faire avancer la cause palestinienne, elle devrait commencer par agir tel que l’ont fait plusieurs pays arabes modérés: distinguer clairement qui est l’agresseur dans ce conflit, et donc décrédibiliser et condamner le Hamas. Alors Israël et l’Autorité palestinienne auront les moyens de mettre en œuvre ce que le Quartette a déclaré le 15 décembre dernier: «Seules des négociations israélo-palestiniennes bilatérales, détaillées, directes, ininterrompues et confidentielles pourront mener à deux États.»

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