Farouq Al-Baz et les « tentatives pour réécrire l’histoire »

Le géologue égyptien Farouq Al-Baz fustige le népotisme des régimes arabes et les révolutions, qualifiées de « tentatives pour réécrire l’histoire »

Ci-dessous des extraits d’une entrevue du géologue égyptien Farouq Al-Baz, diffusée sur Al-Hiwar TV le 14 mai 2009 (voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais sur MEMRI TV).

La définition de « gouvernement » dans nos pays est : « le groupe au pouvoir »

Farouq Al-Baz : « La définition de ‘gouvernement’ dans nos pays est ‘le groupe au pouvoir’. Dans la plupart des autres pays, ‘gouvernement’ signifie ‘groupe au service de la société’. Le gouvernement est [généralement] au service de la société, alors que chez nous, le souverain contrôle tout dans la société. La vision du peuple doit changer. Lorsque vous devez régler un problème et que vous vous rendez pour cela dans un bureau gouvernemental, la personne examine votre document et dit : ‘Revenez demain ou la semaine prochaine.’ Il vous contrôle. [Pourtant] son travail est [de vous rendre service]. C’est pour cela qu’il est payé.
[…]
Nous n’offrons pas aux personnes la possibilité de développer les sciences, l’industrie, le commerce, etc. Comment cela se fait-il ? Parce que depuis l’époque des ‘glorieuses’ révolutions militaires de nos pays, nous avons pris l’habitude de répondre par ‘Oui, Monsieur’ aux dirigeants, car ce sont des chefs militaires.
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Quand quelqu’un – par exemple, un ingénieur – se rend au travail dans une petite usine et dit au directeur : ‘Monsieur, [je sais bien] que l’on fait comme cela ici, mais si nous faisions autrement … ‘, le patron lui répond : ‘Va au diable. Tu viens à peine de terminer tes études et tu te prends déjà pour celui qui sait tout. On fait comme ça depuis 20 ans. Alors ça suffit. Pourquoi veux-tu changer notre façon de faire ?’ C’est là une attitude très dangereuse en ce qu’elle le réduit au silence.
[…]
Ce que la Révolution a fait, c’est dire que notre histoire ancienne tout entière ne vaut rien, que nous devons réécrire l’histoire et créer quelque chose de nouveau, afin de donner naissance à une génération révolutionnaire. Or tous les peuples sont le fruit d’une accumulation historique. Notre accumulation historique a commencé il y 5000 ans. L’Égypte est un pays doté de racines profondes, qui a une histoire. Les racines de cette histoire se trouvent en nous, dans nos idées et notre façon d’interagir  » […]

« Afin de tenir fermement le pays, [le dirigeant] doit mobiliser tous ses amis »

« Afin de tenir fermement le pays, [le dirigeant] doit mobiliser tous ses amis, toutes ses
connaissances, et les nommer [à divers postes]. Mais qui sont ces amis ? Ils sont tous soldats ou officiers … Quelqu’un qui ne comprend rien à la banque, par exemple, peut très bien être nommé directeur de banque. Un autre sera nommé à la tête d’une usine de sucre, même si le gars n’a pas la moindre idée de ce qu’est une usine (il était dans l’infanterie ou l’artillerie). Il ne sait pas comment fonctionne une usine, mais il en a été nommé directeur. Un autre sera nommé ministre de l’Enseignement supérieur. Enseignement supérieur ? Il n’a jamais mis les pieds dans une université ! Comment cet officier pourrait-il être président d’université ? Et la liste continue. Des personnes sans aucune qualification sont nommées [à des postes clé]. »

« Au lieu de la loyauté à la patrie, à la connaissance et à Allah, nous parlons de loyauté à son supérieur »

Interviewer : « Donc, les critères sont la loyauté et la confiance, pas la capacité et l’expérience. »

Farouq Al-Baz : « Rien d’autre. Or il est très risqué de nommer des personnes de confiance. Car qu’est ce que cela signifie ? Qu’au lieu de loyauté à la patrie, à la connaissance, à Allah, nous parlons de loyauté à son supérieur. Rien de plus. »

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