Le Conseil de Sécurité, si prompt à fustiger et condamner Israël, a refusé de condamner le Soudan qui vient de décider d’expulser 6.000 travailleurs humanitaires qui agissent dans la région du Darfour, en réaction à la décision du TPI de lancer un mandat d’arrêt international contre son Président, Hassan Al-Bachir. C’est la Chine qui a opposé son veto à cette condamnation, Pékin possédant d’énormes intérêts au Soudan, notamment dans la prospection pétrolière.
L’ONU ne parvenait toujours pas vendredi à adopter une position précise à la suite de l’expulsion par le gouvernement du Soudan d’une dizaine d’organisations non gouvernementales (ONG) de son territoire.
Cette décision faisait suite à celle de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar El-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité relativement au massacre de civils dans la province du Darfour.
Au Conseil de sécurité, les pays membres se sont dits unanimement préoccupés par la situation humanitaire et sa dégradation potentielle, mais n’ont pu s’entendre sur le texte d’une déclaration qui demanderait à Khartoum de revenir sur sa décision. La Chine, membre permanent du Conseil, mais aussi alliée du Soudan, a refusé d’entériner un texte qui ne mentionnerait pas de préoccupation quant au mandat d’arrêt contre M. El-Béchir, selon une source diplomatique citée par l’Agence France Presse.
C’est un autre pays allié du Soudan, la Libye, qui a convoqué la réunion du Conseil de sécurité. La Libye, membre non permanent, assume la présidence tournante du Conseil en mars.
À la Commission des droits de l’homme, dont le Soudan et son alliée la Chine sont membres, on devait déterminer si l’expulsion d’organisations humanitaires du Darfour constituait une violation des droits de la personne, voire un crime de guerre. Selon une porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, environ 4,7 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire au Darfour.
Par ailleurs, l’Union africaine et la Ligue arabe enverront une délégation à l’ONU pour tenter de convaincre le Conseil de sécurité de suspendre le mandat d’arrêt contre Omar El-Béchir. Les pays occidentaux s’y opposent, cependant, dont trois qui possèdent un droit de veto au Conseil, soit les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.
M. El-Béchir devait obtenir vendredi soir le soutien d’une délégation du Parlement islamique, comprenant notamment des représentants du Hamas palestinien, de l’Iran et de la Syrie. Plus de 1000 personnes ont aussi manifesté à Khartoum, vendredi, pour faire entendre leur appui au président soudanais.