Yémen: vers une nouvelle guerre de scission ?

Abdelmalek Al-Houthi, le chef de la rébellion zaïdite (chiite) à Saada, vient de libérer les militaires yéménites originaires du Sud, dans une tentative flagrante de les retourner contre l’unité nationale, et d’alimenter les tendances indépendantistes du Sud.

Selon la télévision « Al Arabiya », le chef de la rébellion de Saada, Abdelmalek Al-Houthi (zaïdite, une branche du chiisme, proche de l’Iran), joue sur la fragile unité nationale yéménite pour affaiblir le pouvoir de Sanaa. Déjà hier, ses disciples ont tenté d’ouvrir un nouveau front dans le Sud du Yémen. Aujourd’hui, il a annoncé la libération de tous les soldats de l’armée, originaires du Sud et qui ont été capturés par ses hommes pendant le mois de conflit armé à Saada et Harf Soufiane. Ce faisant, Al-Houthi confirme son alliance avec les nostalgiques du Yémen du Sud, du ce pays marxiste pauvre d’avant la réunification (1994). Pour ce faire, il tente de retourner les militaires issus de ce territoire contre le pouvoir central de Sanaa. Le Yémen risque ainsi de devoir affronter une nouvelle dissidence, synonyme d’une nouvelle guerre de scission entre le Nord et le Sud.

A ce facteur de risque, pris au sérieux par l’ensemble des pays de la région, qui se battent contre l’influence de Téhéran par yéménites interposés, s’ajoutent les efforts de la République Islamique d’Iran pour convertir les tribus yéménites de Mahra (dans le Hadramouth, à l’est du Yémen). En effet, un site saoudien révèle aujourd’hui que « les Iraniens investissent des sommes colossales pour convertir les tribus de “Mahra Ben Haydane”, notamment à travers l’enseignement, les membres de ces tribus étant en majorité des nomades analphabètes ». Les transferts de fonds s’opèrent à partir des Émirats Arabes Unis, devenus le poumon économique de Téhéran, puis par le Sultanat d’Oman. Des campagnes intensives d’enseignement du chiisme sont également menées par des Iraniens arabophones, ainsi que par des cadres du Hezbollah, dépêchés au Yémen dans cet objectif. Les Iraniens financent la construction d’écoles et de lieux de prière chiites pour rallier ces nomades pauvres. Cet activisme iranien inquiète d’autant plus que Téhéran vient de réaliser une démonstration de force, avec ses manœuvres « Grand Prohète 4 », et en procédant à des tirs de missiles balistiques, mettant à sa portée tous les pays arabes, Israël et l’Europe du Sud. Une provocation supplémentaire destinée à intimider l’Occident, à soumettre la région et à y étendre son influence.

Sur le front militaire, l’armée yéménite affirme avoir capturé près de 130 rebelles depuis le début des affrontements. Elle a diffusé les images des tunnels et des galeries, creusés dans les montages de Saada par les rebelles, et qui leur servaient de refuges, d’entrepôts de munitions et de moyens de communication et de mobilité. Ces pratiques, qui nécessitent des investissements lourds et du temps, surtout dans un environnement montagneux et donc rocheux, rappellent celles qui ont été découvertes au Liban pendant et après la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, et rappellent celles du Hamas à Gaza, qui servent à tous les trafics entre Rafah et le Sinaï, en Égypte.

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