Plus de 100 000 opposants au président Ahmadinejad ont bravé l’interdiction de manifester dans la nuit de lundi à mardi. Plus de vingt sont morts selon les journalistes étrangers. La radio d’État iranienne en reconnaît sept.
Les pro-Moussavi s’étaient rassemblés sur la place Azadj, à Téhéran, pour protester contre les résultats de l’élection présidentielle de vendredi 12 et acclamer Mir Hossein Moussavi, à l’occasion de sa première apparition publique depuis le scrutin.
Selon la radio officielle, la fusillade a éclaté lorsque plusieurs personnes « ont tenté d’attaquer une installation militaire ». Ce petit groupe de manifestants aurait tenté d’y mettre le feu. Lorsque certains ont tenté de prendre le local d’assaut, des témoins ont vu les miliciens liés aux Gardiens de la Révolution ouvrir le feu sur les manifestants.
Le cortège était long de plus de huit kilomètres, et de nombreux manifestants étaient vêtus de vert, la couleur de la campagne de Moussavi. Ils scandaient : « longue vie à Moussavi ». On pouvait lire sur une pancarte en anglais : « ce n’est pas une élection. C’est de la sélection. » De nombreux manifestants formaient le « V » de la victoire avec leurs doigts.
« Nous voulons le président que nous avons élu, pas celui qui nous a été imposé. » explique Sara, qui ne donne que son prénom, par peur de représailles venant des autorités.
Les pro-Moussavi manifesteront de nouveau aujourd’hui, sur la place Vali Asr à 17 heures. Les pro-Ahmadinejad appellent eux aussi à manifester sur cette même place, une heure avant.
Lundi, le Guide suprême de la Révolution Ali Khamenei, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les accusations de fraude électorale lors du scrutin présidentiel, a annoncé lundi la télévision d’État iranienne.
Un retournement de situation surprenant puisque le guide suprême avait favorablement réagi à l’annonce des résultats officiels. Il demande pourtant au puissant Conseil des gardiens de la Constitution d’examiner les accusations de fraude lancées par Moussavi.
Selon les résultats officiels, Mahmoud Ahmadinejad l’a emporté par 62,6% des voix contre 33,7% pour son principal rival.
Moussavi avait fait appel de ces résultats dimanche 15 juin devant le Conseil composé de 12 membres. Il s’était également entretenu avec Khamenei. Il avait alors réclamé l’annulation du scrutin électoral.
Le ministre iranien de l’Intérieur, rejette les demandes de manifestations de Moussavi et ses partisans. Il menace de faire un « sit-in » de protestation sur le mausolée de l’ayatollah Ruhollah Khomeini, le père de la Révolution islamique de 1979.
Les autorités iraniennes ont demandé à certains journalistes étrangers – présents en Iran pour la couverture des élections – à se préparer à quitter le pays. Nabil Khatib, correspondant de la chaîne Al-Arabiya à Téhéran, dit avoir été informé dimanche par les autorités de la fermeture du bureau pendant une semaine.