Par François d’Orcival, article paru dans Le Figaro
Ce que l’armée israélienne est allée chercher dans les souterrains de Gaza, ce sont les armes du Hamas. Les plus puissantes d’entre elles proviennent d’Iran. Le Hamas n’existe que par l’Iran. Or l’équation iranienne c’est : islamisme conquérant + pétrole = nucléaire. Sans pétrole, pas d’argent pour financer les centrifugeuses nucléaires et l’islamisme. Mais aujourd’hui, l’Iran est un pays asséché par la division par trois de ses revenus pétroliers. La guerre est pour lui une manière de redistribuer les cartes, et de peser à nouveau sur les prix du pétrole.
Cet assèchement des recettes pétrolières est en train de constituer pour le pouvoir iranien, c’est-à-dire pour Ahmadinejad, une vraie bombe sociale dans un pays à l’économie chaotique pour une population à forte démographie. Celle-ci est de nature à peser lourdement sur le scrutin du mois de juin. Car il y a aussi des élections présidentielles en Iran ! Ahmadinejad aura un concurrent. Lequel, Khatami ou un autre, ne pourra faire campagne avec une chance de l’emporter qu’en s’appuyant sur la crise économique et sociale. S’il gagnait, les Américains et les Européens auraient alors à Téhéran un interlocuteur à qui parler.
En déchaînant le Hamas à Gaza, pour entraîner ensuite les représailles massives des Israéliens, les mollahs iraniens ont notamment cherché à refaire autour d’eux l’union nationale de leur peuple tout en mobilisant les opinions publiques, « la rue arabe », dans les autres pays musulmans. Les Égyptiens, premiers concernés, comme les Saoudiens et les émirs du Golfe ont bien compris l’enjeu : tout succès du Hamas serait celui de l’islamisme radical et de l’expansionnisme iranien. Règle observée tacitement : l’ennemi de mon ennemi est mon ami.
Un acteur demeure en réserve : Barack Obama. Dans dix jours, il sera investi des pouvoirs de président des Etats-Unis ; le seul qui ait une véritable influence dans la région. Il savait que le Proche-Orient ne lui laisserait aucun répit. Libéré de l’Irak, il comptait sur la baisse des prix du pétrole pour affaiblir l’Iran d’Ahmadinejad de manière à soutenir de nouveaux partenaires et empêcher la dérive vers le nucléaire. La guerre l’a pris de vitesse.
Il est donc en train de réadapter son dispositif : il ne peut agir sur l’Iran qu’en laissant aux Israéliens le temps nécessaire pour briser toute capacité offensive du Hamas à Gaza. Une neutralisation rapide de cette organisation punirait l’Iran et ses relais sans pour autant provoquer de mouvement de reprise de la hausse des cours du pétrole.